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Charles Renouvier

 Charles Renouvier


Renouvier (1815-1903), philosophe français, représentant du néocriticisme et du spiritualisme.


Né à Montpellier, Charles Renouvier entra 1834 à l’École polytechnique, où il découvrit l’œuvre de Descartes et décida de se consacrer à la philosophie (Examen critique du cartésianisme, 1836). Marqué par le saint-simonisme jusqu’en 1851 (Manuel républicain de l’homme et du citoyen, 1848), ce protestant anticatholique, anticlérical, mais non antireligieux, fut toute sa vie attaché à l’idéal républicain et social.


Dans sa première phase, la pensée de Renouvier se caractérise par un néokantisme personnel. En effet, le philosophe reprit le projet de Kant d’établir les conditions permettant d’accéder à la connaissance, mais récusa le concept de chose en soi et s’opposa à toute forme de métaphysique postulant l’existence d’une substance, d’une quelconque réalité absolue. Pour le néocriticisme, dont il fut le principal représentant en France, il n’existe que des phénomènes, et la seule catégorie qui permet à l’esprit humain de les saisir est celle de relation : le monde phénoménique se révèle à travers les relations numériques, temporelles, spatiales et qualitatives (Essais de critique générale : Traité de logique, 1854). Dans cette conception non déterministe, hostile à la philosophie de Hegel, en particulier à sa thèse sur le progrès à l’œuvre dans l’Histoire, un rôle central revient à l’initiative individuelle sur le plan social : l’Homme dispose du libre arbitre accordé par Dieu, envisagé par Renouvier non pas comme un monarque absolu, mais comme l’inspirateur d’un ordre moral (Uchronie, Esquisse apocryphe du développement de la civilisation européenne, 1876).


Dans sa seconde phase intellectuelle, ouverte en 1886 par l’Esquisse d’une classification systématique des doctrines philosophiques, Renouvier rejeta le positivisme ainsi que le sociologisme dominants et, renouant avec la philosophie de Jules Lequier (1814-1862), son ancien camarade de l’École polytechnique, il adhéra au spiritualisme (les Dilemmes de la métaphysique pure, 1900). Outre les thèmes religieux, il aborda alors de nouveau la problématique de la liberté et du moi, définie comme volonté.


Charles Renouvier fut reçu, en 1900, à l’Académie des sciences morales et politiques.

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