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Heinrich Rickert

Heinrich Rickert

Rickert (1863-1936), philosophe allemand, représentant du néokantisme, qui consacra ses travaux à l’étude des valeurs et de l’histoire.
Né à Dantzig, Heinrich Rickert fit des études de philosophie et fut l’élève et le disciple de Wilhelm Windelband (1848-1915), initiateur de la « philosophie des valeurs » et fondateur de l’école néokantienne, dite école de Bade ou école axiologique, qui refusait le concept de chose en soi, introduit par Kant. Adhérant au néokantisme — philosophie institutionnelle en Allemagne —, Rickert devint professeur de philosophie à Fribourg, puis à Heidelberg, où il succéda notamment à Windelband. Ses cours et son enseignement constituèrent plus un approfondissement d’un courant déjà constitué par Eduard Zeller (1814-1908) et Kuno Fischer (1824-1907) qu’une œuvre originale.

Rickert, qui concevait la philosophie comme à la fois systématique, scientifique et rigoureuse, explora en priorité l’axiologie — la théorie des valeurs — et soutint que le problème de la connaissance ne renvoie pas à des questions de méthode, de procédure et de vérification, ni à la confrontation entre la théorie et l’expérience, mais essentiellement à une action d’un sujet qui met en œuvre des propositions en fonction de certaines valeurs privilégiées. Cette approche axiologique débouchait sur un idéalisme, dans la mesure où c’est le sujet et ses valeurs, et non l’objet et sa résistance, qui constituent le garant de la connaissance (Die Logik des Prädikats und das Problem der Ontologie, « la Logique du prédicat et le Problème de l’ontologie », 1930).
La connaissance historique, selon Rickert, implique avant tout l’étude des valeurs partagées par les individus à une époque donnée. Comme l’affirme le philosophe dans Kulturwissenschaft und Naturwissenschaft (« Science de la culture et science de la nature », 1899), l’histoire n’obéit point à des lois scientifiques, dans la mesure où, contrairement aux thèses de Hegel, elle ne se déploie pas selon les lois et la Raison universelle. Succession d’événements singuliers et d’essences diverses, l’histoire est marquée par la subjectivité singulière du sujet et par ses normes culturelles.

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