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Johann Gottfried Herder

Johann Gottfried Herder

1  PRÉSENTATION 

Herder (1744-1803), écrivain et philosophe allemand, l’un des initiateurs du Sturm und Drang, dont les écrits ont participé au développement du romantisme allemand.

2  UN PHILOSOPHE À L’AUBE DU ROMANTISME 

Né à Mohrungen (Prusse-Orientale, aujourd’hui Pologne), Johann Gottfried Herder fait ses études à l’université de Königsberg où il est l’élève du philosophe allemand Emmanuel Kant. Le philosophe Hamann, originaire de la ville, l’influence également. L’œuvre de Herder a inspiré de nombreux écrivains, parmi lesquels Goethe, le futur chef de file de l’école romantique allemande. En 1776, bénéficiant de l’aide du poète — avec lequel il s’était lié —, Herder est nommé à un poste gouvernemental à Weimar. Par la suite, il prend néanmoins ses distances avec le romantisme, avec Goethe comme avec Kant. À la fin du xviiie siècle, son audience diminue, mais sa contribution à la pensée littéraire et historique allemande n’en demeure pas moins considérable. Il meurt à Weimar.

3  DE L’ESPRIT NATIONAL 

Parmi les premiers ouvrages critiques de Herder figurent ses Fragments sur la littérature allemande moderne (Fragmente über die neuere deutsche Literatur, 1766-1767), fortement inspirés par les Lettres sur la littérature moderne de Lessing, où il prône l’émancipation de la littérature nationale par rapport aux influences étrangères. En collaboration avec Goethe et Justus Möser, il écrit des essais, tels que Du style et de l’art allemands (Von deutscher Art und Kunst, 1773), à travers lesquels il exalte le chant et la littérature populaires, mais aussi la poésie de Shakespeare et d’Homère. Le Volksgeist (« l’esprit national »), tel qu’il s’exprime à travers la langue et la littérature d’une nation, y est également loué. Persuadé que le chant précède le discours et inspire les poètes, Herder rassemble un recueil de chants folkloriques intitulé Voix des peuples à travers leurs chant (Volkslieder, 1778-1779).

La partie la plus importante de l’œuvre de Herder reste une étude en quatre volumes ayant pour titre Idées pour la philosophie de l’histoire de l’humanité (Auch eine Philosophie der Geschichte zur Bildung der Menschheit, 1784-1791), où il met en place sa philosophie de l’histoire et de la nature. Il s’efforce de démontrer dans ce texte que les mêmes lois régissent la nature et l’humanité, et qu’avec le temps, les forces humaines contradictoires parviennent à se concilier. Quoiqu’inachevé, ce traité rassemble la quasi-totalité des idées de Herder et demeure son apport majeur à la philosophie.

Lorsque, vers la fin de sa vie (une première fois en 1789 puis définitivement en 1795), Herder rompt avec Goethe, il se met à défendre, dans Lettres pour faire progresser l’humanité (Briefe zur Beförderung der Humanität, 1793-1797), l’idée d’une poésie à caractère didactique. Il critiquera les idées de Kant dans son ouvrage Intelligence et Jugement (Eine Metakritik zur Kritik der reinen Vernunft, 1799), plutôt mal accueilli par le public.

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