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Benedetto Croce

Benedetto Croce

Croce (1866-1952), philosophe et historien italien.

Originaire de Pescasseroli, dans la province de l’Aquila, Croce, orphelin en 1883, est recueilli à Rome par son oncle. En dépit d’études de théologie, il s’initie au marxisme (qu’il critiquera par la suite) au contact d’Antonio Labriola. De retour à Naples, il entreprend la lecture de Giambattista Vico, mais c’est en définitive l’idéalisme hégélien qui influencera son système philosophique.

Qualifiant sa propre pensée de « philosophie de l’esprit », Croce expose ses idées dans cinq travaux majeurs publiés entre 1902 et 1931 : Esthétique comme science de l’expression et linguistique générale (1902), Logique (1905), Bréviaire d’esthétique (1913), Théorie et histoire de l’historiographie (1912-1913) et Éthique et Politique (1931). Dans ces ouvrages qui embrassent esthétique, logique, éthique et philosophie de l’histoire, le système de Croce apparaît marqué par un spiritualisme absolu et dominé par le concept de puissance créatrice de l’Homme.

Sa théorie esthétique se fonde sur la conviction que l’art, forme de créativité, est un phénomène plus significatif que les sciences ; pour Croce, la beauté en art correspond à la traduction réussie, en une forme communicable, d’une perception fondamentale effectuée dans l’esprit de l’artiste.

Croce opère une distinction entre la pensée logique comme système de relations universelles et les formes plus spécifiques de l’intuition individuelle. Il croit au libre arbitre et en un mode de vie fondé sur l’appréciation de la beauté. Parallèlement, il conçoit l’histoire comme philosophie en mouvement et interprétation du passé en termes du présent : la tâche des historiens consistant, selon lui, à décrire les êtres humains et à cerner la nature comme cause des événements historiques, l’histoire doit être le domaine des philosophes (Histoire de l’Europe au XIXe siècle, 1932).

La plupart des écrits de Croce ont paru dans la Critica, revue qu’il a fondée en 1903 avec Giovanni Gentile. Contrairement à celui-ci, il s’opposera au fascisme et au gouvernement de Benito Mussolini. Plusieurs fois sénateur et membre du gouvernement italien, Croce a joué un rôle politique de première importance.

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