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Confucius

Confucius

1  PRÉSENTATION 

Confucius (551–479 av. J.-C.), penseur et éducateur chinois.

Confucius est le nom latin donné au xvie siècle par les Jésuites de Chine à Kong Qiu, plus connu sous le nom de Kongfuzi (littéralement, « maître Kong »).

2  LA VIE DE CONFUCIUS SELON LA TRADITION 

La vie de Confucius fait l’objet de plusieurs biographies classiques. Celles auxquelles la tradition confucéenne fait le plus souvent référence sont dues à l’historien Sima Qian et au philosophe Mengzi (Mencius), mais il en existe beaucoup d’autres ; la plupart considèrent Confucius comme un être quasi surnaturel, dont la vie aurait été ponctuée d’événements extraordinaires. La biographie la plus « réaliste » — et la plus couramment retenue — est celle qu’a rédigée Sima Qian dans le Shiji (« Mémoires historiques », ier siècle av. J.-C.).

2.1  Une éducation classique 

Selon ces textes — qui diffèrent en de nombreux points les uns des autres —, Confucius naît en 551 av. J.-C. dans le village de Zou, près de Qufu, dans la principauté de Lu (actuelle province de Shandong). Son père, petit fonctionnaire, meurt alors qu’il n’a que trois ans, et le jeune garçon est élevé par sa mère. Il reçoit une éducation classique qui lui permet de maîtriser les rites, la musique, l’écriture, le calcul, la conduite et le tir à l’arc, ainsi que la poésie, l’histoire et les classiques. Après la mort de sa mère, il commence à enseigner.

2.2  Le rôle public de Confucius 

Confucius progresse dans la hiérarchie du corps des fonctionnaires, et obtient à l’âge de cinquante ans la charge de ministre de la justice, où il démontre sa grande sagesse. Son intelligence et sa diplomatie permettent la signature d’un traité de paix avec les dirigeants du pays de Qi et la restitution d’un territoire autrefois annexé au pays de Lu. Confucius se voit alors octroyer la charge de Premier ministre auprès de Ji Huanzi. Ce dernier se laisse cependant corrompre par les dirigeants du pays de Qi et Confucius décide de démissionner.

2.3  L’exil, l’enseignement et l’influence de Confucius 

Accompagné de ses disciples les plus fidèles, il s’exile et part à la rencontre des dirigeants des autres principautés du pays, auxquels il propose son enseignement. Ses idées font partout forte impression, mais personne ne se risque pourtant à les mettre en pratique. Confucius revient finalement dans son pays natal à l’âge de 68 ans, et se consacre désormais à son enseignement ainsi qu’à l’écriture, présidant au choix des poèmes du Shijing (« Canon de la poésie »), commentant le Yijing (« Livre des mutations »), et compilant le Chunqiu (« les Printemps et les Automnes »).

Il meurt à l’âge de 72 ans, laissant derrière lui plus de 3 000 élèves, parmi lesquels 72 sont réputés avoir assimilé l’essence de son enseignement. Après sa mort, ses disciples réunissent ses paroles en un ouvrage appelé les Entretiens (Lunyu).

3  UNE BIOGRAPHIE DIFFICILE À ÉTABLIR 

La biographie traditionnelle de Confucius paraît réaliste, pourtant certains détails trop « parfaits » incitent à la considérer avec prudence. Son nom, par exemple, se prête à trop d’interprétations symboliques pour être son véritable nom de naissance, et les dates clés de sa vie s’accordent trop « facilement » avec certains nombres particuliers : il serait ainsi né 500 ans après le duc de Zhou, aurait fait la preuve de sa sagesse à l’âge de 50 ans et serait mort à l’âge de 72 ans après avoir formé 72 disciples ; or ces trois chiffres — 50, 72 et 500 — possèdent une signification toute particulière selon la pensée chinoise traditionnelle.

L’analyse démontre, en réalité, que Confucius n’a sans doute jamais été ministre de la justice, qu’il n’a vraisemblablement pu choisir les poèmes du Shijing, dont la compilation lui est antérieure, et n’est sans doute l’auteur ni du Chunqiu, ni d’aucun commentaire du Yijing. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’un homme d’une envergure peu commune — qui peut être appelé « Confucius », par commodité et en l’absence de sources fiables — est né pendant la période des Printemps et des Automnes dans la principauté de Lu. Issu de cette petite aristocratie sans prestige ni fortune, lettrée et chargée de l’administration locale, il n’obtient probablement au cours de sa vie aucune véritable reconnaissance sociale, ses idées trop généreuses ne trouvant pas d’application pratique. Il se consacre alors à l’enseignement et réunit autour de lui un petit cercle de disciples fidèles, qui tentent de perpétuer sa pensée après sa mort.

4  PENSÉE ET POSTÉRITÉ 

La pensée de Confucius s’inscrit dans son époque, celle de la fin de la dynastie des Zhou et de la décadence d’un empire. Philosophes, intellectuels et penseurs cherchent alors à énoncer des principes capables d’avoir une action sur les puissants qui gouvernent le pays et des préceptes en mesure de les aider à rétablir l’ordre.

L’enseignement de Confucius apparaît dans ce cadre plus pratique que spirituel. Se considérant lui-même comme un éducateur plutôt que comme un philosophe, insistant sur la force de l’expérience plutôt que sur la pensée théorique, il prône le retour à une véritable morale politique, soutenue par le respect des rites et des règles sociales, seule garante selon lui de la mise en place d’un gouvernement juste.

Après la mort de Confucius, ses disciples se sont dispersés, puis sont revenus sur le lieu de sa disparition, où ils ont fondé un culte. Des écoles se revendiquant de sa pensée se sont alors formées, donnant naissance au confucianisme.

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