Accéder au contenu principal

Erving Goffman

Erving Goffman

1  PRÉSENTATION 

Goffman (1922-1982), sociologue américain d’origine canadienne, dont l’analyse interactionniste des microphénomènes sociaux a constitué un apport essentiel à l’histoire de la sociologie.

2  UN OBSERVATEUR DU RÉEL 

Né à Mandeville (Alberta), Erving Goffman étudie à l’université de Toronto avant de poursuivre ses études de sociologie et d’anthropologie sociale à l’université de Chicago, où il obtient son doctorat en 1953. À partir de 1958, il enseigne à l’université de Californie, à Berkeley, où il devient professeur en 1962. À partir de 1968, il occupe une chaire à l’université de Pennsylvanie. 

Marqué par l’influence de l’école de Chicago, en particulier par George H. Mead et Charles H. Cooley, il préconise la démarche qualitative en sociologie, à la différence du modèle dominant de la sociologie américaine des années 1950, qui privilégiait l’emploi quasi automatique des outils statistiques et informatiques. Dans cet esprit, il utilise l’« observation participante » et passe une année au sein d’un hôpital psychiatrique. Dans la célèbre étude qu’il publie en 1961, Asylums (Asiles — Études sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus, publié en français en 1968 sous la direction de Pierre Bourdieu), il décrit la manière dont l’identité sociale des malades se transforme au sein d’une « institution totale », dont le projet vise à remodeler entièrement la personnalité en la dépouillant de ses attributs antérieurs.

3  LE SOCIOLOGUE DE L’INFINIMENT PETIT 

Le principal apport théorique d’Erving Goffman consiste en un approfondissement de la notion d’interaction dont il fait l’axe central de son ouvrage la Mise en scène de la vie quotidienne (1973) : récusant à la fois les approches individualistes et totalisantes, il adhère à l’interactionnisme symbolique, estimant que toute action sociale s’apparente à une représentation sur une scène, où l’acteur est contraint de maîtriser son image afin d’éviter de « perdre la face » vis-à-vis de ses partenaires dans l’interaction. Il adopte la même démarche dans ses ouvrages ultérieurs, notamment Stigmates (1963), les Rites d’interaction (1967) et les Cadres de l’expérience, 1974), qu’il consacre à l’étude de différents registres de la communication interpersonnelle, tant au niveau du langage que des attitudes corporelles. 

Pour Pierre Bourdieu, Erving Goffman « aura été celui qui a fait découvrir à la sociologie l’infiniment petit ». À la manière d’un entomologiste, il a en effet révélé tous les rites d’interactions, les mimiques, les gestes, les expressions verbales d’un individu en situation, tous ces « comportements mineurs » dont l’intégration forme la vie sociale. 

Posts les plus consultés de ce blog

Henri Mandras

Henri Mendras 1  PRÉSENTATION  Mendras (1927-2003), sociologue français. 2  UN SPÉCIALISTE DE LA SOCIOLOGIE RURALE  Né à Boulogne-Billancourt, diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et docteur ès Lettres, Henri Mendras est formé au contact de Georges Gurvitch et de Georges Friedmann. Il entre comme chercheur en sociologie rurale au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) où il devient directeur de recherche en 1954. Après plusieurs ouvrages, dont Études de sociologie rurale (1953), Sociologie de la campagne française (1959) et les Paysans et la modernisation de l’agriculture (1958), la Fin des paysans (1967) le consacre auprès du public comme l’un des grands spécialistes de la paysannerie et des sociétés rurales. Dans ce livre polémique au titre prémonitoire, Henri Mendras analyse le bouleversement social, culturel et économique sans précédent qui affecte le monde rural dans l’après-guerre. Dans Sociétés paysannes (1976), il montre comme...

Norberto Bobbio

 Norberto Bobbio 1  PRÉSENTATION  Bobbio (1909-2004), philosophe italien. 2  UNE BRILLANTE CARRIÈRE UNIVERSITAIRE  Né à Turin, Norberto Bobbio poursuit des études de philosophie et de droit dans sa ville natale, avant d’enseigner la philosophie du droit à Camerino, puis à Sienne et à Padoue ; il obtient la chaire de philosophie politique de la faculté de sciences politiques de Turin en 1973. Si les étapes décisives de sa prestigieuse carrière universitaire se déroulent sous la dictature fasciste de Benito Mussolini, ses ouvrages majeurs sont publiés après la Seconde Guerre mondiale : Politique et Culture (1955), De Hobbes à Marx (1965) ou encore Quel socialisme ? (1977). 3  CONNAISSANCE JURIDIQUE ET ENGAGEMENT POLITIQUE  Norberto Bobbio tente de concilier deux aspects dans sa philosophie : la connaissance et l’engagement. Il souhaite élaborer une pensée dont l’effort déployé pour la compréhension puisse aboutir à une philosophie militante. Cette tentat...

Maine de Biran

 Maine de Biran 1  PRÉSENTATION  Maine de Biran (1766-1824), philosophe français, héritier des Idéologues, qui se trouve à l’origine de la « philosophie réflexive » et fut le promoteur de la notion de « sens intime ». 2  ITINÉRAIRE POLITIQUE ET INTELLECTUEL  Garde du corps de Louis XVI en 1785, Marie François Pierre Gontier de Biran, dit Maine de Biran, se tint à l’écart pendant toute la Révolution. Opposé ensuite à Napoléon, il fut anobli par Louis XVIII, reçut le titre de chevalier et fut nommé conseiller d’État en 1816. Sa rencontre, en 1798, avec Cabanis et Destutt de Tracy (voir Idéologues) fut déterminante. Il écrivit son mémoire Influence de l’habitude sur la faculté de penser, qui fut couronné par l’Institut en 1802 ; puis un mémoire sur la Décomposition de la pensée. À la fin de sa vie, il anima une société philosophique avec, notamment, Victor Cousin. Son œuvre majeure, l’Essai sur les fondements de la psychologie, commencée vers 1812, parut en 1859. S...