François Simiand
Simiand (1873-1935), sociologue et économiste français.
Né à Giers (Isère), François Simiand étudie à l’École normale supérieure au moment de l’Affaire Dreyfus et subit l’influence des socialistes Lucien Herr et Jean Jaurès. Tour à tour professeur à l’École pratique des hautes études et au Conservatoire national des arts et métiers, il est élu en 1932 au Collège de France ; il poursuit parallèlement des activités dans la haute administration, notamment dans le cabinet du ministre Albert Thomas.
François Simiand est le principal représentant de l’école durkheimienne appliquée à l’économie (il a dirigé la section sociologie économique de la revue l’Année sociologique). Son œuvre — difficile d’accès en raison de l’absence de réédition — s’organise autour de deux axes d’étude. Un premier concerne la méthodologie historique (« Méthodes historiques et sciences sociales », Revue de synthèse historique, 1903). Simiand critique violemment l’école méthodiste et Charles Seignobos. Par son appel à tenir compte des faits sociaux et économiques, il apparaît comme l’un des intellectuels à l’origine de l’école des Annales.
Mais c’est dans le domaine de la sociologie économique que s’inscrit la plus grande partie de ses travaux. Il cherche à fonder une « économie positive » qui conçoit la science économique comme une partie de la science sociale. Il s’oppose surtout à la théorie de l’homo œconomicus au profit d’une psychologie sociale des faits économiques. À partir d’une méthode quantitative, il essaie de démontrer que les interactions entre groupes d’agents (patrons-ouvriers) provoquent des variations cycliques dans les revenus et la production (le Salaire des ouvriers des mines de charbon en France. Contribution à l’étude économique du salaire, thèse de droit, 1904), et en conclut qu’il faut tenir compte non du salaire réel mais du salaire nominal (le Salaire, l’évolution sociale et la monnaie, 1932).