Georges Gurvitch
Gurvitch (1894-1965), sociologue français qui a lui-même qualifié son système d'« hyperempirisme réaliste », affirmant par là qu'il retenait de nombreux enseignements, comme ceux de Marx, de Proudhon et de Durkheim. Né à Novorossisk, en Russie, il devint professeur à l'université de Tomsk, puis participa à la révolution d'Octobre au cours de laquelle il fit la connaissance de Lénine. En opposition avec les nouveaux dirigeants, il s'exila, d'abord à Prague, puis à Paris, où il acquit la nationalité française. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugia aux États-Unis. En 1949, il fut nommé professeur de sociologie à la Sorbonne.
Gurvitch s'est montré très hostile à la démarche de la sociologie américaine de son temps, dont l'ambition première était de décrire et de mesurer les faits : il voulait au contraire donner à la sociologie la tâche d'expliquer. C'est pourquoi il s'est efforcé de constituer un vaste appareil conceptuel. Il estimait que la méthode dialectique était la meilleure méthode pour conduire à des procédés opératoires (complémentarité, implication, etc.). Le caractère spécifique des objets de la sociologie permettait, selon lui, d'user de la diversité des points de vue pour arriver à dégager, sinon des lois, du moins des régularités fonctionnelles expliquant le social. Il a écrit notamment Morale théorique et Sciences des mœurs (1937), Essais de sociologie (1939), la Vocation actuelle de la sociologie (1949), Déterminismes sociaux et Liberté humaine (1955), Dialectique et Sociologie (1962), les Cadres sociaux de la connaissance (1966).