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Manuel Castells

Manuel Castells

1  PRÉSENTATION 

Castells (1942- ), sociologue espagnol.

Manuel Castells s’est dans un premier temps consacré à la nouvelle sociologie urbaine, dont il est l’un des fondateurs, avant de devenir la référence incontournable en matière de réflexion sur la société des réseaux.

2  PARCOURS INTELLECTUEL 

Né à Barcelone, Manuel Castells trouve refuge en France à l’âge de vingt ans pour échapper à la répression du régime franquiste. Il étudie le droit et l’économie à l’université de la Sorbonne, à Paris, puis décide de mener une thèse consacrée aux luttes ouvrières et à leurs transformations. Mais Alain Touraine le détourne de cet objectif pour l’orienter vers la sociologie urbaine.

Manuel Castells travaille ainsi sur les mutations sociales liées à l’urbanisation et l’industrialisation, avant de partir pour la prestigieuse université de Berkeley (Californie, États-Unis), où il enseigne la sociologie et la planification urbaine et régionale à partir de 1979. Cette immersion dans la culture nord-américaine le plonge dans la révolution amorcée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Tout en poursuivant ses travaux en sociologie urbaine, il se spécialise alors dans l’analyse de la société actuelle, marquée par de nombreuses mutations et par sa structure en réseaux.

3  DE LA SOCIOLOGIE URBAINE… 

En 1972, Manuel Castells publie un premier ouvrage marquant, la Question urbaine. Attaché à la pensée marxiste, il considère que la ville est tournée vers l’échange marchand au détriment des habitants et de leur qualité de vie. Les luttes urbaines des années 1970 manifesteraient le refus de la soumission de l’urbain aux exigences économiques et industrielles. Sa thèse, The City and the Grassroots, qui lui vaut le prix américain du meilleur ouvrage en sciences sociales en 1983, présente l’espace des flux liés à la mondialisation (marchés financiers, biens, médias, etc.), dont le développement s’accompagne de l’affirmation de lieux fondés sur la proximité.

4  …À L’ANALYSE DE LA SOCIÉTÉ EN RÉSEAUX 

C’est au début des années 1980 que Manuel Castells commence à s’interroger sur les transformations économiques et sociales liées à la révolution des technologies de l’information. Après de longues recherches en Californie, mais aussi en Asie, en Europe et en Amérique latine, il publie l’Ère de l’information, une trilogie qui va lui assurer, à juste titre, une reconnaissance internationale. Cette analyse de la société actuelle en trois volumes dresse le portrait de « la société en réseaux ». Les évolutions techniques, économiques, étatiques et culturelles ont donné naissance à de nouveaux modes de production et de relations sociales, et abouti à une société en réseaux, souple mais instable, à la place de la société organisée de manière pyramidale.

Le premier volume, la Société en réseaux (1996), expose les grandes lignes de sa réflexion. Le Pouvoir de l’identité (1997) se centre sur les réactions face à cette révolution sociétale : les « identités-résistances », qui refusent la mondialisation, et les « identités-projets », tournées vers le métissage et l’innovation, et à même de transformer en profondeur la société. Le dernier volume, Fin de millénaire (1998), présente une interprétation économique et politique du monde. Si d’autres ouvrages ont paru depuis, comme la Galaxie Internet (2001), Manuel Castells reste avant tout l’auteur de cette trilogie marquante.

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