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Michel Foucault

Michel Foucault

1 PRÉSENTATION

Foucault (1926-1984), philosophe français.
Michel Foucault s’est efforcé de montrer que les représentations globales des phénomènes sociaux et humains, considérées souvent comme des vérités immuables, constituent en fait des unités discursives spécifiques, susceptibles de changer radicalement à mesure que les spécialistes adoptent des approches différentes. Ses recherches s'inscrivent dans la lignée de la pensée de Karl Marx, Sigmund Freud et du positivisme français.
Michel Foucault livre des conceptions novatrices, qui débouchent sur une remise en question de toutes les représentations communes, notamment sur l'hôpital et la « folie », les prisons, la police, le système d'assurance et, de façon générale, tous les phénomènes sociaux qui se situent à la frontière des sphères institutionnelle et idéologique.

2 REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Né à Poitiers (Vienne), Michel Foucault étudie la philosophie et la psychologie, puis il entra à l'École normale supérieure à Paris. Pendant les années 1960, il occupe le poste de directeur du département de philosophie à l'université de Clermont-Ferrand et à l'université de Paris-Vincennes. En 1970, il est élu au Collège de France où il enseigne l'histoire des systèmes de pensée. Au cours des années 1970 et 1980, sa réputation internationale grandit et il multiplie les conférences à travers le monde.

3 UNE RÉFLEXION PHILOSOPHIQUE SOUS INFLUENCES

Les deux philosophes qui influencent le plus la pensée de Foucault sont Friedrich Nietzsche et Martin Heidegger. Le premier soutient que la conduite humaine est motivée par une volonté de puissance et que les valeurs traditionnelles ont perdu leur emprise sur la société. Martin Heidegger critique pour sa part ce qu'il appelle « notre compréhension technologique commune de l'être ». 
Michel Foucault explore à son tour la mutation des structures du pouvoir au sein de la société et les multiples mécanismes par lesquels le pouvoir se rattache au moi. Il étudie les règles fluctuantes qui sont susceptibles d'entrer en jeu dans les discours politiques des différentes périodes de l'histoire. Il analyse également la façon dont les pratiques quotidiennes permettent aux individus de définir leur identité et de systématiser leur connaissance. Il se présente lui-même comme un archéologue dont l'objet de recherche réside dans la constitution des clivages qui marquent la culture occidentale.

4 UNE PENSÉE NOVATRICE

4.1 Folie et langage
On peut distinguer plusieurs périodes dans le développement de la pensée de Michel Foucault. Tout d'abord, dans l'Histoire de la folie à l'âge classique (1961), qu'il rédige alors qu'il est lecteur de français à l'université d'Uppsala, en Suède, il retrace comment, dans le monde occidental, la folie, d'abord considérée d'inspiration divine, en est venue à être conçue comme une maladie mentale, une forme de « déraison » qui nécessite l'isolement et l'enfermement. Dans ce livre, où il tente de dégager la spécificité de la folie, il affirme : « le langage est la structure première et dernière de la folie ; il en est la forme constituante. »
4.2 Évolution des sciences humaines
L'œuvre considérée comme la plus importante et la plus achevée de Michel Foucault est les Mots et les Choses (1966). Il y élabore une nouvelle conception de la science historique, en énonçant les deux concepts majeurs de sa pensée : la formation discursive, constitutive du regard de l'homme sur lui-même et ses propres conceptions ; la coupure épistémologique, rupture radicale qui marque la disparition de la précédente vision des choses et l'apparition d'une nouvelle formation discursive. Dans l'Archéologie du savoir (1969), il approfondit ces concepts.
4.3 L’homme et le pouvoir de la société
La dernière période de la pensée de Michel Foucault débute avec la publication de Surveiller et punir en 1975. Cet ouvrage, qui porte explicitement sur la question de savoir si l'emprisonnement est une punition plus humaine que la torture, aborde plus généralement la façon dont la société régit les individus en « dressant » leurs corps (voir histoire de l’enfermement). Pour Michel Foucault, l'enfermement a pour objectif d'investir « politiquement » les corps ; par la douceur ou la violence, il s'agit d'imposer la notion de norme. Ainsi, la notion de délinquance est le produit direct de la prison.
Les trois derniers ouvrages de Foucault, Histoire de la sexualité, tome I : la Volonté de savoir (1976), l'Usage des plaisirs (1984) et le Souci de soi (1984), font partie d'une histoire de la sexualité demeurée inachevée. Dans ces livres, Foucault parcourt les étapes par lesquelles les individus, dans les sociétés occidentales, en sont venus à se concevoir eux-mêmes comme des êtres sexués et rapporte ce concept de moi sexué à la vie morale et éthique de l'individu.
Dans tous les ouvrages de cette dernière période, Foucault s'efforce de montrer que la société occidentale a engendré une catégorie de pouvoir inédite, qu'il nomme biopouvoir, c'est-à-dire un nouveau système de contrôle que les conceptions traditionnelles de l'autorité sont incapables de comprendre et de critiquer. Loin d'être répressif, ce nouveau pouvoir accroît la vie. L'Histoire de la sexualité traduit ainsi une « histoire des problématiques éthiques faites à partir des pratiques de soi ». Foucault résume cette idée en 1984 dans les termes suivants : « le sexe n'est pas une fatalité ; il est une possibilité d'accéder à une vie créatrice. »

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