Accéder au contenu principal

Saint-Simon

Claude Henri de Rouvroy, comte de saint-simon

1  PRÉSENTATION 

Saint-Simon (1760-1825), théoricien socialiste français.

2  AUX FONDATIONS DU SOCIALISME 

Né à Paris, issu d'une famille illustrée notamment par le duc de Saint-Simon, auteur des Mémoires, Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, se rend à l'âge de 16 ans en Amérique du Nord pour prendre part à la guerre de l'Indépendance américaine. De retour en France, il est un fervent adepte de la Révolution et renonce à son titre. 

Saint-Simon est considéré comme l'un des fondateurs du socialisme moderne. Toutefois, à la différence des socialistes révolutionnaires qui choisissent les producteurs contre les propriétaires, Saint-Simon privilégie les producteurs, qu'il oppose aux « princes, aux grands officiers de la couronne, aux évêques, aux maréchaux de France, aux préfets et aux propriétaires oisifs [qui] ne travaillent pas directement aux progrès des sciences, des beaux-arts et des arts et des métiers ». Selon lui, le socialisme ne peut se limiter à la question de la répartition des richesses, mais doit également se soucier de développer les forces productives. Une production abondante représente en effet le meilleur moyen d'améliorer le sort des classes populaires. Ses travaux plaident pour une organisation sociale dirigée par des hommes issus des sciences et de l'industrie, œuvrant au bien-être de toute la société. 

La défense d'une élite de producteurs, qui rassemble tout aussi bien les agriculteurs et les industriels que les commerçants ou les banquiers, ne doit pas pour autant s'accompagner d'un développement excessif de l'État : Saint-Simon est en effet partisan d'un État qui incite plus qu'il ne contraint, qui encourage plus qu'il n'impose : « Le gouvernement, écrit-il, nuit toujours à l'industrie quand il se mêle de ses affaires ; d'où il suit que les gouvernements doivent borner leurs soins à préserver l'industrie de toute espèce de troubles et de contrariétés. » 

3  LE SAINT-SIMONISME 

Après sa mort, les étudiants de Saint-Simon font connaître ses idées, qui fondent la philosophie saint-simonienne. Au xviiie siècle, sous l'impulsion de Prosper Enfantin, de Bazard et Leroux, le saint-simonisme trouve une application originale dans la constitution de communautés socialistes, véritables contre-sociétés avec leurs rites et leurs croyances. Ces diverses expériences tournent court, mais le saint-simonisme n'en continue pas moins à influencer une partie de l'élite économique et intellectuelle française et européenne qui retient de Saint-Simon tantôt les thèmes industrialistes, tantôt les thèmes socialistes. Les frères Pereire, grands banquiers du second Empire, mais également Karl Marx ou Pierre Joseph Proudhon, considèrent que leur pensée s'inscrit dans la lignée du saint-simonisme. 

Saint-Simon a notamment écrit le Nouveau Christianisme (1825), Du système industriel (1821-1822) et le Catéchisme des industriels (1823-1824).

Posts les plus consultés de ce blog

Henri Mandras

Henri Mendras 1  PRÉSENTATION  Mendras (1927-2003), sociologue français. 2  UN SPÉCIALISTE DE LA SOCIOLOGIE RURALE  Né à Boulogne-Billancourt, diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et docteur ès Lettres, Henri Mendras est formé au contact de Georges Gurvitch et de Georges Friedmann. Il entre comme chercheur en sociologie rurale au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) où il devient directeur de recherche en 1954. Après plusieurs ouvrages, dont Études de sociologie rurale (1953), Sociologie de la campagne française (1959) et les Paysans et la modernisation de l’agriculture (1958), la Fin des paysans (1967) le consacre auprès du public comme l’un des grands spécialistes de la paysannerie et des sociétés rurales. Dans ce livre polémique au titre prémonitoire, Henri Mendras analyse le bouleversement social, culturel et économique sans précédent qui affecte le monde rural dans l’après-guerre. Dans Sociétés paysannes (1976), il montre comme...

Norberto Bobbio

 Norberto Bobbio 1  PRÉSENTATION  Bobbio (1909-2004), philosophe italien. 2  UNE BRILLANTE CARRIÈRE UNIVERSITAIRE  Né à Turin, Norberto Bobbio poursuit des études de philosophie et de droit dans sa ville natale, avant d’enseigner la philosophie du droit à Camerino, puis à Sienne et à Padoue ; il obtient la chaire de philosophie politique de la faculté de sciences politiques de Turin en 1973. Si les étapes décisives de sa prestigieuse carrière universitaire se déroulent sous la dictature fasciste de Benito Mussolini, ses ouvrages majeurs sont publiés après la Seconde Guerre mondiale : Politique et Culture (1955), De Hobbes à Marx (1965) ou encore Quel socialisme ? (1977). 3  CONNAISSANCE JURIDIQUE ET ENGAGEMENT POLITIQUE  Norberto Bobbio tente de concilier deux aspects dans sa philosophie : la connaissance et l’engagement. Il souhaite élaborer une pensée dont l’effort déployé pour la compréhension puisse aboutir à une philosophie militante. Cette tentat...

Maine de Biran

 Maine de Biran 1  PRÉSENTATION  Maine de Biran (1766-1824), philosophe français, héritier des Idéologues, qui se trouve à l’origine de la « philosophie réflexive » et fut le promoteur de la notion de « sens intime ». 2  ITINÉRAIRE POLITIQUE ET INTELLECTUEL  Garde du corps de Louis XVI en 1785, Marie François Pierre Gontier de Biran, dit Maine de Biran, se tint à l’écart pendant toute la Révolution. Opposé ensuite à Napoléon, il fut anobli par Louis XVIII, reçut le titre de chevalier et fut nommé conseiller d’État en 1816. Sa rencontre, en 1798, avec Cabanis et Destutt de Tracy (voir Idéologues) fut déterminante. Il écrivit son mémoire Influence de l’habitude sur la faculté de penser, qui fut couronné par l’Institut en 1802 ; puis un mémoire sur la Décomposition de la pensée. À la fin de sa vie, il anima une société philosophique avec, notamment, Victor Cousin. Son œuvre majeure, l’Essai sur les fondements de la psychologie, commencée vers 1812, parut en 1859. S...