Thomas Malthus
1 PRÉSENTATION
Malthus (1766-1834), économiste britannique.
2 DE LA DÉMOGRAPHIE À L’ÉCONOMIE
Né près de Dorking (Surrey), Robert Malthus devient pasteur anglican après ses études à l’université de Cambridge. En 1798, il publie anonymement la première version de son célèbre Essai sur le principe de population, dont la version définitive, Aperçus sur les effets passés et présents relativement au bonheur de l'humanité, est présentée au public en 1803. Deux ans plus tard, il crée la chaire d'économie politique au collège d'Haileybury.
Ses positions audacieuses sur les questions de natalité et d'aide publique ont éclipsé l'importance de sa contribution dans la détermination de l'origine de la rente foncière et du rôle de la monnaie, ainsi que dans le domaine de la théorie de l'épargne et des investissements. Ces questions occupent pourtant une place majeure dans ses principaux ouvrages : De la nature du progrès et du revenu (1815), Principes d'économie politique au point de vue de leur application pratique (1820), Définitions en économie politique et Mesure de la valeur (1823).
3 THÉORIE DU CONTRÔLE DES NAISSANCES
L'apport de Malthus réside dans l'explication qu'il donne de la misère persistante du peuple. Selon lui, la croissance des ressources alimentaires serait structurellement plus faible que celle de la population (la première connaissant une progression arithmétique, tandis que celle de la seconde serait géométrique). L'équilibre ne pourrait donc être retrouvé que par la réduction de la population. Malthus est ainsi le premier à préconiser une politique de contrôle des naissances par l'éducation des familles pauvres à la continence, destinée à supplanter la régulation naturelle que constitueraient les guerres, les famines et les épidémies. Il conseille, en outre, d'éviter toute mesure susceptible d'accroître la natalité, notamment la charité publique destinée aux hommes valides. L'aide sociale doit donc se limiter à l'éducation, seul moyen permettant aux masses de prendre conscience des fléaux engendrés par la surpopulation.
Les thèses de Malthus sont violemment critiquées par les catholiques, qui y voient une incitation à s'écarter du devoir sacré de procréation, et par les marxistes, pour qui les politiques antinatalistes adoucissent les effets du capitalisme, tout en épargnant à la classe possédante un nécessaire partage des richesses. John Stuart Mill fait en revanche partie des ardents défenseurs de Malthus. Au XXe siècle, l’apport de Malthus est notamment mis en question par les partisans du « populationnisme », comme Alfred Sauvy en France.