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Friedrich Nietzsche

 Friedrich Nietzsche


1  PRÉSENTATION 


Nietzsche (1844-1900), philosophe allemand, qui formula une critique radicale de la pensée occidentale et de la morale chrétienne.


2  VIE ET ŒUVRE 


Nietzsche naquit le 15 octobre 1844 à Röcken (Prusse). Son père, pasteur luthérien, décéda alors qu'il était âgé de cinq ans et il fut élevé par sa mère dans une maison qui abritait sa grand-mère, deux tantes et une sœur. Il fit des études de philologie classique dans les universités de Bonn et Leipzig et fut nommé professeur de philologie classique à l'université de Bâle à l'âge de vingt-quatre ans. De santé fragile (il souffrit toute sa vie d'une mauvaise vue et de migraines), il fut contraint de prendre sa retraite en 1879. Dix ans plus tard, il eut une dépression nerveuse dont il ne se remit jamais.


À l'influence de la culture grecque sur Nietzsche, et en particulier des philosophies de Platon et d'Aristote, s'ajoutèrent celles d'Arthur Schopenhauer, de la doctrine évolutionniste (voir Évolution biologique) et de Richard Wagner.


Écrivain fécond, il publia notamment la Naissance de la tragédie (1872), Ainsi parlait Zarathoustra (1883), Par-delà le bien et le mal (1886), la Généalogie de la morale (1887), l'Antéchrist (1896), Ecce Homo (1908) et la Volonté de puissance (1901), dont il ne subsiste que des fragments.


Selon une des thèses fondamentales de Nietzsche, les valeurs traditionnelles (représentées essentiellement par le christianisme) ont perdu leur emprise sur la vie des individus : « Dieu est mort », proclamait-il, résumant ainsi le « nihilisme passif » de la civilisation moderne. Les valeurs traditionnelles représentaient, à ses yeux, une « morale d'esclaves », une morale créée par des individus faibles et en proie au ressentiment, qui encourageaient la douceur et la gentillesse pour privilégier des comportements servant leur propres intérêts. Nietzsche soutenait qu'il était possible de remplacer ces valeurs traditionnelles en créant des valeurs inédites, projet qui l'amena à élaborer la notion de surhomme (Übermensch).


Nietzsche opposait les masses, conformistes, qu'il qualifiait de « troupeau » ou de « populace », à un homme de type nouveau, assuré, indépendant et individualiste à l'extrême. Le surhomme qu'il appelait de ses vœux a des sentiments profonds mais contrôle rationnellement ses passions. Tourné vers le monde réel plutôt que vers les récompenses promises par la religion dans l'au-delà, le surhomme affirme la vie, y compris la souffrance et la peine qui sont le lot de l'existence humaine. Le surhomme est créateur de valeurs, créateur d'une « morale de maîtres », laquelle reflète la force et l'indépendance de celui qui se libère de toutes les valeurs, à l'exception de celles qu'il juge valables.


Toute conduite humaine, selon Nietzsche, est motivée par la volonté de puissance. Dans son sens positif, la volonté de puissance n'est pas uniquement synonyme de pouvoir sur les autres, mais signifie aussi le pouvoir sur soi, indispensable à la créativité. Une telle puissance est manifeste dans l'indépendance, la créativité et l'originalité du surhomme. Affirmant clairement que l'idéal de surhomme ne s'était jamais réalisé, Nietzsche fit toutefois mention de plusieurs personnages susceptibles de servir de figure emblématique du surhomme, comme Socrate, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Shakespeare, Goethe, Jules César et Napoléon.


Le concept de surhomme fut souvent associé à l'idée d'une société de maîtres et d'esclaves, mais cette interprétation, inspirée par un recueil de textes publié par la sœur de Nietzsche après la mort de celui-ci, fut souvent contestée.


3  INFLUENCE 


Poète reconnu, Nietzsche exerça une profonde influence sur la littérature allemande, ainsi que sur la littérature française et la théologie. Ses thèses furent discutées et reprises par des figures aussi prestigieuses que les philosophes allemands Karl Jaspers et Martin Heidegger, le philosophe juif d'origine allemande Martin Buber, le théologien américain d'origine allemande Paul Tillich, Albert Camus et Jean-Paul Sartre. La proclamation nietzschéenne de la mort de Dieu fut débattue par les théologiens radicaux de l'après-guerre, les Américains Thomas J. J. Altizer et Paul Van Buren, qui s'efforçaient de réhabiliter le christianisme dans les années 1960 et 1970. Voir aussi Existentialisme.

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