Accéder au contenu principal

Donald Davidson

Donald Davidson

1 PRÉSENTATION

Davidson (1917-2003), philosophe américain.

La recherche de Donald Davidson, marquée par une référence constante à la psychologie, porte sur la philosophie du langage et la philosophie de l’action, qui sont pour lui interdépendantes. Sa pensée traverse plusieurs courants philosophiques (analytique, cognitif et pragmatique).

2 UNE FORMATION SOUS INFLUENCES, UNE CARRIÈRE PRESTIGIEUSE

Né à Springfield (Massachusetts), Donald Davidson poursuit des études de littérature et de philosophie à l’université Harvard, où il a comme professeurs Alfred North Whitehead puis Willard Quine ; très marqué par ce dernier, il rédige sa thèse sur le dialogue de Platon intitulé Philèbe. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il intègre les rangs de la marine américaine. Sa carrière est alors partagée entre écriture et enseignement dans quelques-unes des plus prestigieuses universités américaines parmi lesquelles Stanford (1951-1967), Princeton (1967-1970), Rockefeller (1970-1976), Chicago (1976-1981) et Berkeley (1981-2003).

3 SIGNIFICATION ET CAUSALITÉ

3.1 Une interprétation holistique du langage

Comment les mots peuvent-ils signifier ce qu’ils signifient ? Des conditions de vérité déterminent la signification, et le sens d’une phrase dépend de sa relation avec les autres phrases. Donald Davidson essaie de dégager une théorie de la signification à partir d’une théorie de la vérité devant suffire à l’interprétation-compréhension d’ensembles (holisme) de phrases énoncées dans un langage naturel, et non des propositions logiques indépendantes. Pour les interpréter, nous devons être capables d’y distinguer, dans la trame même des assentiments que nous leur donnons, les rôles joués par la croyance et la signification afin d’éliminer les confusions. On applique alors un « principe de charité » consistant à présupposer vraies les croyances et la rationalité des interlocuteurs. Et c’est en pratique, au fil de la conversation, que l’interprète ajuste instantanément sa théorie interprétative. La théorie n’est donc pas figée. Voir pragmatique.

3.2 Description de l’action

L’action est un mouvement corporel et rationnel (étant donné les raisons et croyances de l’agent). Elle est intentionnelle si l’agent a des raisons (croyances, désirs, etc.) et s’il y a au moins une raison qui en est cause. Une cause est un événement qui en produit un autre, qui est son effet. L’existence d’une relation causale entre deux événements est indépendante de la manière dont ils sont décrits, et peut être énoncée même si l’on ne connaît pas la loi empirique sous laquelle les événements sont subsumés. Voir intention et intentionnalité.

3.3 Le « monisme anomal »

La théorie du monisme anomal développée par Donald Davidson identifie les événements mentaux aux événements physiques (monisme), tout en niant qu’il y ait des lois mentales ou psychophysiques (anomisme). Elle résulte de la distinction effectuée d’une part entre les événements particuliers (mentaux et physiques) et leur description et d’autre part entre les relations et les lois causales.

3.4 L’irrationalité

Nos raisons d’agir sont à traiter comme des causes de nos actions, et nos intentions sont des désirs ou des croyances. Si une cause mentale interne à un esprit unique ne peut être considérée comme une raison, il y a alors irrationalité. Il nous faut admettre que cet esprit est cloisonné en « territoires ». Si un agent intempérant maintenant deux prémisses contradictoires (appartenant chacune à un « territoire ») agit à l’encontre de ce qu’il juge être le meilleur, il est irrationnel : les causes de son action ne sont pas ses raisons (rupture entre rationalité et causalité). En fin de compte, la rationalité est un trait social que seuls possèdent les communicateurs. Voir rationalisme.

Les thèses de Donald Davidson sont surtout connues au travers du recueil d’articles Actions et Événements (Essays on Actions and Events, 1980 et 1993 pour l’édition française). Il a également écrit Paradoxes de l’irrationalité (1982 et 1991) et Enquêtes sur la vérité et l’interprétation (Inquiries into Truth and Interpretation, 1984 et 1994).

Posts les plus consultés de ce blog

Henri Mandras

Henri Mendras 1  PRÉSENTATION  Mendras (1927-2003), sociologue français. 2  UN SPÉCIALISTE DE LA SOCIOLOGIE RURALE  Né à Boulogne-Billancourt, diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et docteur ès Lettres, Henri Mendras est formé au contact de Georges Gurvitch et de Georges Friedmann. Il entre comme chercheur en sociologie rurale au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) où il devient directeur de recherche en 1954. Après plusieurs ouvrages, dont Études de sociologie rurale (1953), Sociologie de la campagne française (1959) et les Paysans et la modernisation de l’agriculture (1958), la Fin des paysans (1967) le consacre auprès du public comme l’un des grands spécialistes de la paysannerie et des sociétés rurales. Dans ce livre polémique au titre prémonitoire, Henri Mendras analyse le bouleversement social, culturel et économique sans précédent qui affecte le monde rural dans l’après-guerre. Dans Sociétés paysannes (1976), il montre comme...

Norberto Bobbio

 Norberto Bobbio 1  PRÉSENTATION  Bobbio (1909-2004), philosophe italien. 2  UNE BRILLANTE CARRIÈRE UNIVERSITAIRE  Né à Turin, Norberto Bobbio poursuit des études de philosophie et de droit dans sa ville natale, avant d’enseigner la philosophie du droit à Camerino, puis à Sienne et à Padoue ; il obtient la chaire de philosophie politique de la faculté de sciences politiques de Turin en 1973. Si les étapes décisives de sa prestigieuse carrière universitaire se déroulent sous la dictature fasciste de Benito Mussolini, ses ouvrages majeurs sont publiés après la Seconde Guerre mondiale : Politique et Culture (1955), De Hobbes à Marx (1965) ou encore Quel socialisme ? (1977). 3  CONNAISSANCE JURIDIQUE ET ENGAGEMENT POLITIQUE  Norberto Bobbio tente de concilier deux aspects dans sa philosophie : la connaissance et l’engagement. Il souhaite élaborer une pensée dont l’effort déployé pour la compréhension puisse aboutir à une philosophie militante. Cette tentat...

Maine de Biran

 Maine de Biran 1  PRÉSENTATION  Maine de Biran (1766-1824), philosophe français, héritier des Idéologues, qui se trouve à l’origine de la « philosophie réflexive » et fut le promoteur de la notion de « sens intime ». 2  ITINÉRAIRE POLITIQUE ET INTELLECTUEL  Garde du corps de Louis XVI en 1785, Marie François Pierre Gontier de Biran, dit Maine de Biran, se tint à l’écart pendant toute la Révolution. Opposé ensuite à Napoléon, il fut anobli par Louis XVIII, reçut le titre de chevalier et fut nommé conseiller d’État en 1816. Sa rencontre, en 1798, avec Cabanis et Destutt de Tracy (voir Idéologues) fut déterminante. Il écrivit son mémoire Influence de l’habitude sur la faculté de penser, qui fut couronné par l’Institut en 1802 ; puis un mémoire sur la Décomposition de la pensée. À la fin de sa vie, il anima une société philosophique avec, notamment, Victor Cousin. Son œuvre majeure, l’Essai sur les fondements de la psychologie, commencée vers 1812, parut en 1859. S...