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Edmund Husserl

Edmund Husserl

1 PRÉSENTATION

Husserl, Edmund (1859-1938), philosophe et mathématicien allemand, fondateur de la phénoménologie.

Né à Prossnitz en Moravie (actuellement en République tchèque) le 8 avril 1859, Husserl fit des études de science, de philosophie et de mathématiques aux universités de Leipzig, de Berlin et de Vienne et consacra sa thèse de doctorat au problème du calcul des variations. Il commença à s'intéresser au fondement psychologique des mathématiques et, peu après avoir obtenu un poste de maître-assistant en philosophie à l'université de Halle, fit paraître son premier livre, Philosophie de l'arithmétique (1891). À cette époque, Husserl pensait que les vérités mathématiques sont valides indépendamment de la façon dont on est amené à les découvrir et à y croire.

2 DÉVELOPPEMENT DE LA PHÉNOMÉNOLOGIE

Husserl réfuta cette première position qu'il qualifiait de psychologisme, dans les Recherches logiques (1900-1901). Dans cet ouvrage unique en philosophie, Husserl assigne au philosophe la tâche de contempler l'essence des choses, essence à laquelle on peut remonter en faisant varier systématiquement l'objet dans l'imagination. Husserl entendait montrer que la conscience est toujours conscience de quelque chose. Reprenant chez Brentano un terme d'origine scolastique, il appelait cette visée intentionnalité, et affirmait que la conscience renferme des structures idéales et immuables appelées significations, qui déterminent quel objet est visé par l'esprit à un moment donné.
C'est à Göttingen, où Husserl fut professeur de 1901 à 1916, qu'il attira un grand nombre d'étudiants qui commencèrent à former un groupe de phénoménologues. Il rédigea un ouvrage qui eut un grand retentissement, les Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique en 1913, lequel introduisait le terme de réduction phénoménologique pour qualifier la méthode de réflexion sur les significations qu'utilise l'esprit lorsqu'il contemple un objet. Cette méthode étant centrée sur les significations présentes dans l'esprit, que l'objet présent à la conscience existe réellement ou non, elle impliquait, selon Husserl, une « mise entre parenthèses » de l'existence, c'est-à-dire une suspension de la question de l'existence réelle de l'objet contemplé. Il a procédé à des analyses détaillées des structures mentales impliquées dans la perception de catégories particulières d'objets, par exemple, la perception d'un pommier de son jardin. Si la phénoménologie ne suppose pas l'existence de quoi que ce soit, elle n'en demeure donc pas moins une discipline descriptive. Pour Husserl, la phénoménologie n'a pas pour vocation d'inventer des théories, mais plutôt de décrire « les choses mêmes ».

3 ŒUVRE TARDIVE ET INFLUENCE

À partir de 1916, Husserl enseigna à l'université de Fribourg. La phénoménologie ayant été critiquée comme une méthode fondamentalement solipsiste, confinant le philosophe dans la contemplation de significations privées, Husserl s'employa à montrer dans les Méditations cartésiennes (1931), puis dans la Crise des sciences européennes et la Phénoménologie transcendantale, comment la conscience individuelle vise autrui, la société et l'histoire. Husserl mourut à Fribourg le 26 avril 1938.
La phénoménologie de Husserl exerça une influence considérable sur son jeune collègue à Fribourg, Martin Heidegger, sur Maurice Merleau-Ponty et sur Jean-Paul Sartre et l'existentialisme en France. La phénoménologie demeure l'un des courants les plus dynamiques de la philosophie contemporaine. Son influence s'est étendue à la théologie, à la linguistique, à la psychologie et aux sciences sociales.

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