Accéder au contenu principal

Jaakko Hintikka

Jaakko Hintikka

1 PRÉSENTATION

Hintikka (1929-2015), philosophe finlandais.
Hintikka est l’auteur d’une œuvre extrêmement diversifiée portant sur la théorie de la connaissance, et a publié de nombreux écrits techniques sur la logique. Il s’est particulièrement intéressé aux propositions employant des expressions modales telles que « voir que », et les habituels « connaître que », « savoir que » ou « permettre que ». Il privilégie l’abord sémantique au syntaxique. On lui doit aussi deux études critiques importantes : l’une porte sur Kant, dont il tente de réhabiliter l’approche logique, et l’autre sur Wittgenstein, dont il a retenu le concept de « jeux de langage », qui lui permettra de préciser « les liens vitaux entre langage et réalité ».

2 INFORMATION ET COMPLEXITÉ

Dans sa thèse relative aux « Formes normales distributives » (Distributive normal forms in the calculus of Predicates, 1952), Hintikka définit des degrés de complexité dans les propositions. Ceux-ci lui permettent de dégager de nouvelles notions telles que l’information de surface et l’information profonde. Cette complexité est fonction du nombre de quantificateurs et de symboles individuels présents dans les phrases considérées. Il constate que de simples modifications logiques à l’intérieur de celles-ci ne modifient que superficiellement l’information qu’elles contiennent. La démonstration de la vérité peut nécessiter l’augmentation de la complexité des phrases : si ce n’est pas le cas, Hintikka les reconnaît pour analytiques.

3 CONNAISSANCES ET CROYANCES

Pour Hintikka, le savoir, même s’il est réel, s’auto-confirme indépendamment du monde, c’est-à-dire du contexte, alors que la croyance, qui peut être infirmée, en dépend.

4 UNE CONCEPTION ORIGINALE DE LA VÉRITÉ

Toute la réflexion d’Hintikka sur le langage est fondée sur les concepts de dépendance et, surtout, d’indépendance de l’information à l’égard du contexte. Il utilise la théorie des jeux de Von Neumann pour développer ses principales idées. Ainsi, la vérité d’une phrase correspond pour lui à l’existence d’une « stratégie gagnante pour un vérificateur dans un modèle donné ». Hintikka développe une logique concurrente de celle de Tarski, apte à traiter des problèmes posés par le langage naturel. En particulier, ceux où la valeur de la partie dépend du tout, remettant en question le rapport analytique / synthétique.

5 L’ACTIVITÉ CONSTITUTIVE DE LA PENSÉE

Il n’y a pas de chose en soi qu’on puisse décrire et individualiser sans fonder un ordre conceptuel particulier, s’explicitant dans des mondes possibles et dans des fonctions individualisantes. Il n’y a d’objets que de la pensée : ils sont les produits d’une activité constitutive de la part de l’individu. Pour Hintikka, si l’on considère la perception comme intentionnelle, cela implique qu’elle soit un jugement, et qu’elle soit relative à une pluralité de mondes possibles. Le réel émerge comme « possibilité parmi d’autres », issues de notre pensée.

6 DES MONDES POSSIBLES

Un monde possible est une conception alternative au monde réel, destinée à faciliter nos relations avec lui. Dans le cadre de la sémantique des mondes possibles, « l’existence » est un prédicat, semblable à tout autre jugement décrivant un monde possible.
Peu traduits en français, les textes principaux de Jaakko Hintikka sont : Knowledge and Belief (1962), Models for Modalities (1962), Time and Necessity (1973), Logic-Games and Information (1973), l’Intentionnalité et les mondes possibles, (1989), Fondements d’une théorie du langage (1994) et Questions de logique et de phénoménologie (1998).

Posts les plus consultés de ce blog

Henri Mandras

Henri Mendras 1  PRÉSENTATION  Mendras (1927-2003), sociologue français. 2  UN SPÉCIALISTE DE LA SOCIOLOGIE RURALE  Né à Boulogne-Billancourt, diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et docteur ès Lettres, Henri Mendras est formé au contact de Georges Gurvitch et de Georges Friedmann. Il entre comme chercheur en sociologie rurale au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) où il devient directeur de recherche en 1954. Après plusieurs ouvrages, dont Études de sociologie rurale (1953), Sociologie de la campagne française (1959) et les Paysans et la modernisation de l’agriculture (1958), la Fin des paysans (1967) le consacre auprès du public comme l’un des grands spécialistes de la paysannerie et des sociétés rurales. Dans ce livre polémique au titre prémonitoire, Henri Mendras analyse le bouleversement social, culturel et économique sans précédent qui affecte le monde rural dans l’après-guerre. Dans Sociétés paysannes (1976), il montre comme...

Norberto Bobbio

 Norberto Bobbio 1  PRÉSENTATION  Bobbio (1909-2004), philosophe italien. 2  UNE BRILLANTE CARRIÈRE UNIVERSITAIRE  Né à Turin, Norberto Bobbio poursuit des études de philosophie et de droit dans sa ville natale, avant d’enseigner la philosophie du droit à Camerino, puis à Sienne et à Padoue ; il obtient la chaire de philosophie politique de la faculté de sciences politiques de Turin en 1973. Si les étapes décisives de sa prestigieuse carrière universitaire se déroulent sous la dictature fasciste de Benito Mussolini, ses ouvrages majeurs sont publiés après la Seconde Guerre mondiale : Politique et Culture (1955), De Hobbes à Marx (1965) ou encore Quel socialisme ? (1977). 3  CONNAISSANCE JURIDIQUE ET ENGAGEMENT POLITIQUE  Norberto Bobbio tente de concilier deux aspects dans sa philosophie : la connaissance et l’engagement. Il souhaite élaborer une pensée dont l’effort déployé pour la compréhension puisse aboutir à une philosophie militante. Cette tentat...

Maine de Biran

 Maine de Biran 1  PRÉSENTATION  Maine de Biran (1766-1824), philosophe français, héritier des Idéologues, qui se trouve à l’origine de la « philosophie réflexive » et fut le promoteur de la notion de « sens intime ». 2  ITINÉRAIRE POLITIQUE ET INTELLECTUEL  Garde du corps de Louis XVI en 1785, Marie François Pierre Gontier de Biran, dit Maine de Biran, se tint à l’écart pendant toute la Révolution. Opposé ensuite à Napoléon, il fut anobli par Louis XVIII, reçut le titre de chevalier et fut nommé conseiller d’État en 1816. Sa rencontre, en 1798, avec Cabanis et Destutt de Tracy (voir Idéologues) fut déterminante. Il écrivit son mémoire Influence de l’habitude sur la faculté de penser, qui fut couronné par l’Institut en 1802 ; puis un mémoire sur la Décomposition de la pensée. À la fin de sa vie, il anima une société philosophique avec, notamment, Victor Cousin. Son œuvre majeure, l’Essai sur les fondements de la psychologie, commencée vers 1812, parut en 1859. S...