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Martin Buber

Martin Buber

1 PRÉSENTATION

Buber (1878-1965), penseur religieux israélien d'expression allemande, philosophie de la rencontre ou du dialogue.

2 VIE

Né à Vienne le 8 février 1878, Buber étudie à Vienne et à Berlin. Ses premières publications, ouvrages qui contribuent à établir sa réputation littéraire, font revivre des légendes et des fables hassidiques réunies dans les Fables du rabbin Nachman (1907) et la Légende du Baâl chem Tov (1908). En 1916, Buber fonde la revue Der Jude qu'il dirigea jusqu'en 1924 et qui devient sous sa direction l'organe principal des Juifs germanophones. Ses ouvrages les plus connus, le Je et le Tu (1922), expression poétique concise de sa philosophie de la rencontre, synthèse de l'événement et de l'éternité, et De l'esprit du judaïsme (1923), font de lui le chef de file intellectuel de la communauté juive allemande.
Buber est professeur de religion et d'éthique de 1923 à 1933 puis enseigne l'histoire des religions de 1933 à 1938 à l'université de Francfort, en Allemagne. En 1933, lorsque les Juifs sont exclus de toutes les écoles allemandes à la suite de la prise du pouvoir par Adolf Hitler, il est nommé directeur du Bureau central de l'éducation des adultes juifs en Allemagne. En 1938, il émigre en Palestine (aujourd'hui Israël) et, de 1938 à 1951, enseigne la philosophie sociale à l'université hébraïque de Jérusalem. En 1949, il fonde et dirige, jusqu'en 1953, l'Institut israélite pour l'éducation des adultes, qui assure la formation des enseignants pour les immigrants. En 1958, il devient éditeur en chef de l'Encyclopédie de l'éducation israélite. Il est également à la tête de l'association Tchud (mot hébreu signifiant union), qui lutte pour le rapprochement ou la réconciliation entre Juifs et Arabes.

3 CONCEPTIONS PHILOSOPHIQUES

3.1 Un existentialisme religieux

Buber est essentiellement connu pour sa philosophie du dialogue, existentialisme religieux centré sur la distinction entre les relations directes et mutuelles (qu'il appelle la relation « Je-Tu » ou dialogue) où chaque personne confirme l'autre dans sa singularité, et les relations indirectes et utilitaires (les relations « Je-Cela » ou monologue) où chaque personne connaît et utilise l'autre, sans vraiment le percevoir ou l'apprécier pour lui-même. Appliquant cette distinction entre dialogue et monologue à la religion, Buber insiste sur le fait que la religion signifie parler à Dieu et non parler de Dieu. Selon lui, ce n'est pas le monothéisme, mais le dialogue entre l'homme et Dieu qui fait l'essence du judaïsme biblique. L'homme prend conscience que Dieu s'adresse à lui dans chaque rencontre s'il est ouvert à cette approche et disposé à y répondre de tout son être. La philosophie du dialogue de Buber a exercé une grande influence sur des penseurs de toutes confessions, y compris sur de grands théologiens protestants tels que Karl Barth, Emil Brunner, Paul Tillich et Reinhold Niebuhr.

3.2 Le renouveau du hassidisme

Outre sa philosophie du dialogue et ses travaux ininterrompus de traduction et d'interprétation de la Bible, Buber est célèbre pour avoir recréé et réinterprété le hassidisme, courant mystique populaire très répandu dans les communautés juives de l'Europe de l'Est aux XVIIIe et XIXe siècles. Il fait du hassidisme l’un des grands mouvements mystiques du monde. Son rôle et son influence dans l’évolution du sionisme est également significatif, puisqu’il revendique un renouveau de la culture juive et non des objectifs purement politiques ; l’un des plus influents dirigeants sionistes depuis Theodor Herzl, Buber renouvelle la demande des prophètes : Israël doit construire une communauté de justice et de paix par de justes moyens, notamment par une politique d'entente avec les Arabes.
Buber reçoit le prix de la paix des éditeurs allemands en 1953 et le prix Érasme de la fondation Érasme aux Pays-Bas en 1963. Il consacre ses dernières années à conseiller des membres de kibboutz à qui il offre son assistance. Il meurt à Jérusalem le 13 juin 1965.
Parmi les ouvrages de Buber figurent en outre Entre homme et homme (1947), la Foi prophétique (1950), Dieu et le mal (1952) et les Connaissances de l'homme (1966).

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