Accéder au contenu principal

Mircea Eliade

Mircea Eliade

1 PRÉSENTATION

Eliade (1907-1986), philosophe et romancier roumain naturalisé américain, spécialiste de l’étude comparative des mythes et des religions.

2 LES MODÈLES

Né à Bucarest (Roumanie) dans une famille de militaires, Mircea Eliade, très tôt, a deux modèles : Bogdan Hasdeu, fondateur de la linguistique roumaine et du folklorisme comparé, dont il éditera les œuvres complètes en 1937, et Nicolae Iorga, historien, figure intellectuelle dominante de l’entre-deux-guerres, assassiné en 1940 par la Garde de fer, l’extrême droite roumaine. C’est bien avec Iorga, auteur de plus de mille volumes, que le jeune Eliade entend rivaliser. À l’université, il rencontre son maître spirituel, Nae Ionescu, philosophe, pourtant considéré à partir des années trente comme l’idéologue et le guide spirituel de la Garde de fer.

3 UN POLYGRAPHE FÉCOND

De 1928 à 1932, Eliade étudie la spiritualité indienne et le sanskrit à Calcutta, puis dans un monastère en Himalaya. De retour à Bucarest, il est nommé assistant de Nae Ionescu, collabore à sa revue Cùvantul, publie son roman la Nuit bengali (1933) et soutient sa thèse de doctorat sur le yoga (Essai sur les origines de la mystique indienne, publié en 1936). Eliade, qui se dira plus tard poussé par « l’urgence de l’histoire », fait alors preuve d’une incroyable fécondité qui le hisse au rang de chef de file — à 30 ans — de la jeune génération roumaine. En 1938, il subit les retombées de l’écrasement de la Garde de Fer décidée par le roi Carol II. Envoyé à Londres en 1940 puis à Lisbonne en 1941 pour y exercer la fonction d’attaché culturel, Eliade poursuit sa tâche de « propagande culturelle » : Salazar et la révolution au Portugal (1942). En septembre 1945, il quitte Lisbonne pour Paris, et, la Roumanie devenue démocratie populaire, abandonne sa nationalité contre un visa de réfugié.
Introduit par Georges Dumézil dans le cercle très restreint des spécialistes de mythologie comparée, il enseigne un temps à l’École pratique des hautes études en qualité de professeur associé. Son passé faisant obstacle à une titularisation dans les institutions universitaires françaises, il accepte en 1956 l’invitation de l’Université de Chicago, où il enseigne de 1957 à sa mort l’histoire des religions comparées, obtenant en 1970 la nationalité américaine.

4 UNE INTERROGATION CONSTANTE SUR LE SACRÉ

« Polygraphe », comme le dit son ami Cioran, ce touche-à-tout rassemble des fiches sur les mythes, les superstitions, les symboles, les rites. En « encyclopédiste de l’irrationalisme », il veut faire comprendre, mais aussi faire revivre, le paganisme. L’homo religiosus est pour lui à retrouver derrière le vernis chrétien et l’historicisation effectuée par la tradition biblique : religiosité de l’immanence, sacralisation du monde, temps cosmique de la répétition et de l’éternel retour. Ses Mémoires (les Promesses de l’équinoxe, les Moissons du solstice) restituent, de manière malheureusement indiscutable, son déni de toute responsabilité éthique et politique.
Outre ceux déjà cités, ses ouvrages les plus importants (écrits en roumain, français ou anglais) sont : Mademoiselle Christina (roman, 1936), le Mythe de l’éternel retour (essai, 1949), Traité d’histoire des religions (essai, 1949), le Chamanisme et les techniques archaïques de l’extase (essai, 1951), Forêt interdite (roman, 1955), le Sacré et le Profane (essai, 1956), le Vieil Homme et l’Officier (roman, 1968), Histoire des croyances et des idées religieuses (1976-1983).

Posts les plus consultés de ce blog

Henri Mandras

Henri Mendras 1  PRÉSENTATION  Mendras (1927-2003), sociologue français. 2  UN SPÉCIALISTE DE LA SOCIOLOGIE RURALE  Né à Boulogne-Billancourt, diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et docteur ès Lettres, Henri Mendras est formé au contact de Georges Gurvitch et de Georges Friedmann. Il entre comme chercheur en sociologie rurale au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) où il devient directeur de recherche en 1954. Après plusieurs ouvrages, dont Études de sociologie rurale (1953), Sociologie de la campagne française (1959) et les Paysans et la modernisation de l’agriculture (1958), la Fin des paysans (1967) le consacre auprès du public comme l’un des grands spécialistes de la paysannerie et des sociétés rurales. Dans ce livre polémique au titre prémonitoire, Henri Mendras analyse le bouleversement social, culturel et économique sans précédent qui affecte le monde rural dans l’après-guerre. Dans Sociétés paysannes (1976), il montre comme...

Norberto Bobbio

 Norberto Bobbio 1  PRÉSENTATION  Bobbio (1909-2004), philosophe italien. 2  UNE BRILLANTE CARRIÈRE UNIVERSITAIRE  Né à Turin, Norberto Bobbio poursuit des études de philosophie et de droit dans sa ville natale, avant d’enseigner la philosophie du droit à Camerino, puis à Sienne et à Padoue ; il obtient la chaire de philosophie politique de la faculté de sciences politiques de Turin en 1973. Si les étapes décisives de sa prestigieuse carrière universitaire se déroulent sous la dictature fasciste de Benito Mussolini, ses ouvrages majeurs sont publiés après la Seconde Guerre mondiale : Politique et Culture (1955), De Hobbes à Marx (1965) ou encore Quel socialisme ? (1977). 3  CONNAISSANCE JURIDIQUE ET ENGAGEMENT POLITIQUE  Norberto Bobbio tente de concilier deux aspects dans sa philosophie : la connaissance et l’engagement. Il souhaite élaborer une pensée dont l’effort déployé pour la compréhension puisse aboutir à une philosophie militante. Cette tentat...

Maine de Biran

 Maine de Biran 1  PRÉSENTATION  Maine de Biran (1766-1824), philosophe français, héritier des Idéologues, qui se trouve à l’origine de la « philosophie réflexive » et fut le promoteur de la notion de « sens intime ». 2  ITINÉRAIRE POLITIQUE ET INTELLECTUEL  Garde du corps de Louis XVI en 1785, Marie François Pierre Gontier de Biran, dit Maine de Biran, se tint à l’écart pendant toute la Révolution. Opposé ensuite à Napoléon, il fut anobli par Louis XVIII, reçut le titre de chevalier et fut nommé conseiller d’État en 1816. Sa rencontre, en 1798, avec Cabanis et Destutt de Tracy (voir Idéologues) fut déterminante. Il écrivit son mémoire Influence de l’habitude sur la faculté de penser, qui fut couronné par l’Institut en 1802 ; puis un mémoire sur la Décomposition de la pensée. À la fin de sa vie, il anima une société philosophique avec, notamment, Victor Cousin. Son œuvre majeure, l’Essai sur les fondements de la psychologie, commencée vers 1812, parut en 1859. S...