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Nelson Goodman

Nelson Goodman

1 PRÉSENTATION

Goodman (1906-1998), important philosophe américain qui s’est intéressé à la logique des langages et à la théorie de la connaissance. Il a développé un pluralisme relativiste rigoureux, appelant à une reconception de la philosophie.

2 LE NOMINALISME ET SES CONSÉQUENCES

Pour un nominaliste, les « individus » que sont les noms, les mots et les signes se substituent à la chose : l’idée, le concept, est réduit au terme qui l’exprime. Pour Goodman, il n’existe qu’un monde d’individus. Les qualia, qui sont des sortes d’universaux évoquant la qualité des choses, se composent pour constituer les objets phénoménaux, les apparences.

3 SYNTAXE ET SYSTÈMES SYMBOLIQUES

Un système de pensée nominaliste sera tel s’il fonctionne logiquement comme un « calcul » d’individus (noms, mots, signes, etc.) : par exemple, deux individus composés entre eux formeront une « somme » d’individus. L’idée de calcul permet de mettre en évidence les liaisons syntaxiques entre les individus et de ne s’intéresser qu’à elles. L’étude interne d’un système symbolique est alors possible, en faisant abstraction de son contenu sémantique et de la nature des entités. Chaque système est une base de construction pour la réalité, qui n’est ni donnée ni a priori. Pour Goodman, nous créons des systèmes à partir d’autres systèmes déjà constitués. Un réseau d’énoncés et de croyances permet de consolider la justification de quelque chose.

4 EMPIRISME LOGIQUE ET INDUCTION

Dans sa tentative d’élaboration d’une théorie épistémologique fondée sur l’examen du donné phénoménal, Goodman fait porter sa réflexion sur l’opération logique d’induction. En résumé, il aboutit au fait que si l’on dit qu’une émeraude est « verte », plutôt que « vleu », c’est que le terme « verte » est plus enraciné dans notre pratique du langage que « vleu », mot inventé par Goodman pour l’exemple. Aussi dira-t-il que le terme « verte » est plus facilement projectible (utilisable dans le discours) que le mot « vleu », du fait de nos habitudes de langage.

5 LES VERSIONS DU MONDE

Ainsi, notre appréhension du monde est conditionnée par nos pratiques linguistiques. Et nous ne pouvons que décrire le monde, de nombreuses manières, qui produisent autant de « versions du monde » différentes. Il n’y a donc pas qu’une seule description de la réalité. Le monde n’existe que selon des systèmes symboliques de description, des grilles de décryptages, des codes de lectures, conditionnant ce que nous prenons pour réalité.

6 LES ŒUVRES D’ART

Comme tous les autres systèmes symboliques, les œuvres d’art décrivent le monde et sont des versions du monde. À la question « Qu’est ce que l’art ? », Goodman substitue « Quand y a-t-il art ? », c’est-à-dire « Quand un objet fonctionne-t-il comme œuvre d’art ? ». Il répond : « à certains moments et dans certaines circonstances, et s’il fonctionne symboliquement, suivant certaines caractéristiques » : les symptômes (les densités syntaxiques et sémantiques, la saturation relative, l’exemplification, la référence multiple et complexe), qui ne relèvent pas d’une « mesure de valeur » ou de mérites esthétiques comme le beau ou le bon. Ce ne sont que des identificateurs de l’état d’œuvre d’art.
Nelson Goodman a été professeur à l’université Harvard. Ses ouvrages principaux sont Langages de l’art (1968 ; 1990 pour la traduction française), Faits, fictions et prédictions (1984) et Manières de faire des mondes (1992 pour l’édition française).

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