Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du juillet, 2020

Charles Fourier

Charles Fourier Fourier (1772-1837), philosophe et économiste socialiste français.  Né à Besançon, où il fit ses études, Charles Fourier commença ses études de science politique et d'économie vers 1799. Son premier ouvrage important, Théorie des quatre mouvements et des destinées générales (1808), exposait son projet de société coopérative. Le fouriérisme est fondé sur la croyance en un principe d'harmonie universelle, articulé en quatre domaines : l'univers matériel, la vie organique, la vie animale et la société humaine. Cette harmonie ne peut s'épanouir avant qu'on n'abolisse les restrictions imposées par le comportement social conventionnel, qui entravent la pleine satisfaction du désir et qui doivent disparaître pour permettre aux hommes de vivre librement et de profiter pleinement de leur existence. Selon Fourier, la société idéale devrait être divisée en phalanges de coopération, ou communautés, chacune étant constituée d'environ 1 600 personnes qui v...

Johann Gottlieb Fichte

Johann Gottlieb Fichte Fichte (1762-1814), philosophe allemand, théoricien idéaliste, penseur du politique et de l’action morale. De modeste condition, Fichte peut étudier grâce à un philanthrope, puis traverse une période de grande détresse matérielle, pendant laquelle il songe au suicide. C’est alors qu’il rencontre Kant, qui lui permet de publier sa Critique de toute révélation (1792). Cet essai, paru sans nom d’auteur, est d’abord attribué au philosophe de Königsberg, et cette notoriété est bénéfique à l’ascension de Fichte, qui est nommé professeur de philosophie à Iéna, en 1793. En 1799, accusé d’athéisme, Fichte est contraint de démissionner. Il devient pourtant titulaire de la chaire de philosophie à Erlangen en 1805 et, en 1810, il sera le premier recteur de la nouvelle université de Berlin. Durant cette période, les ambitions de Napoléon menacent l’indépendance des États allemands, et Fichte défend avec ferveur le développement d’une conscience nationale allemande. Son Discou...

Ludwig Feuerbach

Ludwig Feuerbach Feuerbach (1804-1872), philosophe allemand qui a proposé une interprétation psychologique de la religion et de la foi et a développé l’une des premières doctrines matérialistes apparues en Allemagne. Après des études de théologie à Heidelberg et à Berlin, Feuerbach devient l’élève de Hegel, dont il critiquera la philosophie idéaliste (Critique de la philosophie hégélienne, 1839) : pour lui, la pensée spéculative ne peut rendre compte de la réalité ; or la philosophie est la science de la réalité, elle-même constituée par la nature. Cette nature, Hegel la dédaigne en fondant la réalité sur l’idée, et Feuerbach va jusqu’à présenter Hegel comme un théologien, dont la doctrine ne serait que « l’expression rationnelle de la doctrine théologique selon laquelle la nature est créée par Dieu ». Dans l’Essence du chritianisme (1841), Feuerbach au contraire soutient que la religion correspond à un besoin psychologique : la préoccupation essentielle de l’individu étant le moi, le ...

Gustav Fechner

Gustav Fechner Fechner (1801-1887), naturaliste, philosophe et psychologue allemand. Né en 1801 à Gross-Särchen (Niederlausitz, près de Muskau), Gustav Theodor Fechner est professeur à Leipzig à partir de 1834. Reconnu comme le fondateur de la psychophysique, il est le représentant d’une philosophie panthéiste de la nature. Étudiant la question des relations entre le corps et l’âme, il considère ces deux entités comme deux dimensions qui correspondent entre elles. Dans son ouvrage Éléments de psychophysique (Elemente der Psychophysik, 1860), il expose cette relation de correspondance qu’il cherche à utiliser pour mesurer les phénomènes psychiques correspondants. Ses recherches expérimentales sur les relations existant entre stimuli sensoriels physiques et sensations correspondantes l’ont mené à formuler la loi de Weber-Fechner, selon laquelle l’intensité de la sensation est proportionnelle au logarithme de l’excitation (voir Expérimentale, psychologie).

Ralph Waldo Emerson

Ralph Waldo Emerson 1  PRÉSENTATION  Emerson (1803-1882), philosophe, essayiste et poète américain. Fondateur du transcendantalisme américain, Ralph Waldo Emerson privilégie la nature comme véhicule idéal de l’épanouissement humain. Anti-conformiste et progressiste, il insiste parallèlement sur la nécessité d’une indépendance créatrice et intellectuelle de l’Amérique. 2  UNE FOI EN RUPTURE AVEC L’ÉGLISE UNITARIENNE  Né à Boston (Massachusetts), Ralph Waldo Emerson étudie au Harvard College puis entre à la Harvard Divinity School pour devenir, en 1829, comme son père avant lui, pasteur de la seconde Église unitarienne de Boston. En 1832, il renonce à sa charge pour cause de divergences dogmatiques. Influencé par le romantisme anglais de Samuel Taylor Coleridge et de Thomas Carlyle, il prône une foi panthéiste, spontanée et intuitive qui s’accommode mal de l’Église et de ses institutions. Dieu lui apparaît dans toute chose, et en particulier dans la nature. L’homme lui...

Eugen Karl Duhring

Eugen Karl Duhring Dühring (1833-1921), philosophe allemand et théoricien socialiste, né à Berlin. Il fit à Berlin des études de droit et de mathématiques. Devenu aveugle, il renonça à sa carrière de magistrat et se consacra à la philosophie qu'il enseigna à l'université de Berlin de 1864 à 1877. Dühring est célèbre par ses idées sociales et politiques auxquelles s'opposaient Friedrich Engels et les marxistes. Il imaginait une société où régnerait l'égalité. Mais, contrairement aux marxistes, Dühring ne voyait pas d'incompatibilité fondamentale entre les intérêts du capital et le travail. Il défendait aussi la propriété privée qu'il considérait justifiée par le travail. Ses vues furent violemment attaquées par Engels dans une œuvre connue sous le titre Anti-Dühring (1878). Les écrits de Dühring, souvent marqués par la ferveur nationaliste et l'antisémitisme, comprennent Kursus der National und Sozialökonomie (« Cours d'économie nationale et sociale », 18...

Wilhelm Dilthey

Wilhelm Dilthey Dilthey (1833-1911), philosophe allemand, spécialiste de philosophie de l'histoire et de la culture, dont les théories ont particulièrement influencé la théologie et la sociologie. Né à Biebrich, Dilthey fit ses études à Heidelberg et à Berlin. Professeur de philosophie aux universités de Bâle, Kiel, Breslau et Berlin, il s'opposait à la domination de l'enseignement par les sciences naturelles « objectives » et cherchait à fonder une science « subjective » des humanités (Geisteswissenschaften). Selon Dilthey, ces sciences humaines subjectives (qui comprennent le droit, la religion, l'art et l'histoire) devraient être centrées sur une « réalité humaine-sociale-historique ». À ses yeux, l'étude des sciences humaines implique l'interaction de l'expérience personnelle, la compréhension réflexive de l'expérience et l'empreinte de l'esprit dans les gestes, les mots et l'art. Dilthey soutenait que tout enseignement doit être envi...

Victor Cousin

Victor Cousin Cousin (1792-1867), philosophe français, fondateur de l'éclectisme. Né à Paris, Cousin fit ses études à l'École normale et dans différentes facultés parisiennes. Chargé de conférences de philosophie à l'École normale alors qu'il avait vingt et un ans, il devint assistant à la faculté des lettres, en 1815, et fut nommé directeur de l'École normale, en 1834. Conseiller d'État sous la monarchie de Juillet, pair de France dès 1832, Victor Cousin joua un rôle éminent dans la vie politique : il fut l'inspirateur de la réforme de Guizot sur l'enseignement primaire (1833) et occupa le poste de ministre de l'Instruction publique pendant huit mois, en 1840, dans le cabinet Thiers ; l'étude de l'histoire de la philosophie fut introduite dans le programme scolaire à son initiative. Convaincu que tout système philosophique est incomplet et défaillant, Cousin fit fusionner des éléments d'idéalisme, de matérialisme, de mysticisme et de sce...

Victor Considerant

Victor Considérant Considérant (1808-1893), homme politique français, socialiste utopique, auteur d’ouvrages théoriques marqués par le fouriérisme. Né à Salins, dans le Jura, Victor Considérant fit des études à l’École polytechnique et devint officier d’artillerie, avant de renoncer, à vingt-trois ans, à la carrière militaire pour se mettre au service des idées développées par Charles Fourier (Exposition du système de Fourier, 1845). La révolte des Canuts en 1831 et 1834 l’incita à s’engager : il écrivit alors dans le Nouveau Monde, la Réforme industrielle et le Phalanstère, puis fonda et dirigea la Phalange (1836-1840) et la Démocratie pacifique. Il publia également de nombreux ouvrages théoriques, comme Destinée sociale (1838) ou Principes du socialisme (1847). Victor Considérant mena un combat à la fois sur le terrain théorique et politique, comme en témoignent le phalanstère qu’il créa à Condé-sur-Vesgres (mais qui connut un échec) et son ouvrage Description du phalanstère (1848), ...

Samuel Taylor Coleridge

Samuel Taylor Coleridge 1  PRÉSENTATION  Coleridge (1772-1834), poète, critique et philosophe anglais, auteur avec Wordsworth des Ballades lyriques, qui marquent l’origine du mouvement romantique en Grande-Bretagne. 2  UN AUTODIDACTE  Né à Ottery Saint Mary (Devon), Samuel Taylor Coleridge est fils de pasteur. Il étudie à Cambridge de 1791 à 1794, sans grand succès. D’une érudition exceptionnelle, il adopte des idées politiques et théologiques considérées alors comme radicales, saluant la Révolution française et professant la doctrine unitarienne. Il rejoint ensuite à Oxford le poète Robert Southey, avec lequel il souhaite fonder en Pennsylvanie une communauté sans classes, appelée la « pantisocratie », utopie inspirée des idées de William Godwin. Ce projet ne se concrétise pas, mais les liens entre les deux poètes se resserrent quand, en 1795, Coleridge épouse la sœur de la femme de Southey. Après le départ de ce dernier au Portugal, Coleridge, resté en Angleterre, ...

Hermann Cohen

Hermann Cohen Hermann (1842-1918), philosophe allemand, fondateur de l’école de Marburg. Né à Coswig, Cohen publie en 1871 Kants Theorie des Erfahrung (« la théorie kantienne de l’expérience »), ouvrage consacré à l’examen critique de l’a priori kantien, dont l’auteur propose une interprétation en rupture avec les conceptions dominantes, dissociant l’a priori métaphysique de l’a priori transcendantal. Il inaugure ainsi les travaux de réflexion qui seront entrepris sur la pensée kantienne à l’université de Marburg, où Cohen enseignera à partir de 1876, donnant naissance à l’école néo-kantienne du même nom. L’œuvre de Cohen est donc essentiellement un commentaire critique d’Emmanuel Kant. Pour lui, la logique transcendantale est logique de l’origine et la sensation relève de l’a priori. L’affinement de la méthode transcendantale kantienne opéré par Cohen a été reçu à la fois avec scepticisme et admiration. Il soutient que l’idéalisme éthique de Kant et la théologie juive sont fondamental...

Philippe Buchez

Philippe Buchez Buchez (1796-1865), philosophe cherchant à promouvoir un socialisme chrétien et homme politique français. Après avoir été membre de la Charbonnerie (voir Carbonarisme), Philippe-Joseph Buchez devient un temps l’un des artisans des théories de Saint-Simon. En 1829, il se détache du mouvement et revient à la foi catholique inspirée des idées révolutionnaires de 1789. Précurseur du socialisme chrétien, il participe dès sa parution à la rédaction d’un journal de tendance socialiste, l’Atelier (1840). C’est au sein des colonnes de ce dernier qu’il soumet l’idée de créer des associations ouvrières de production disposant d’un capital commun inaliénable et perpétuel, ce qui supprimerait le profit patronal et donc le patronat lui-même. Philippe-Joseph Buchez est élu à l’Assemblée constituante après la révolution de 1848. Momentanément président de l’assemblée, il participe à la rédaction de la constitution de la IIe République. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages philosophiqu...

Franz Brentano

Franz Brentano Brentano (1838-1917), philosophe et psychologue allemand, à l’origine de la psychologie comme science descriptive. Neveu du poète Clemens Brentano, Franz Brentano naît à Marienberg. Après des études de philosophie, il est ordonné prêtre, en 1864. Enseignant à l’université de Würzburg et à Vienne entre 1866 et 1873, il renonce à la prêtrise et se marie. En 1874, Brentano rédige son œuvre la plus célèbre, la Psychologie du point de vue empirique. Il devient alors Privatdozent à Vienne. Parmi ses auditeurs et élèves, il comptera Husserl, Meinong, Ehrenfels et Stumpf. Le but de Brentano est de fonder une philosophie scientifique qui reprendrait la méthodologie expérimentale utilisée par les sciences : selon lui, la « vraie méthode de la philosophie ne diffère pas de celle de la science de la nature ». Il décide d’envisager la psychologie d’un point de vue descriptif, qui permettrait d’appréhender les faits de conscience par l’examen direct des phénomènes psychiques, de façon...

Teofilo Braga

Teófilo Braga Braga (1843-1924), écrivain, philosophe et homme politique portugais, président du gouvernement provisoire de 1910-1911 et président de la République en 1915. Originaire des Açores, Joaquim Teófilo Fernandes Braga obtient son doctorat en droit à l’université de Coimbra, puis enseigne la littérature moderne à l’université de Lisbonne. Républicain convaincu, il devient président du gouvernement provisoire en 1910, puis président de la République cinq années plus tard. Outre son activité politique, Braga fait porter son travail sur trois domaines : la création et la réflexion littéraires, la philosophie, et la culture portugaise. Son œuvre philosophique contribue d’une manière décisive à l’introduction, puis à la diffusion au Portugal du positivisme, dont il prétend démontrer les principales thèses à partir des découvertes scientifiques modernes. Son travail dans le domaine de l’histoire de la culture portugaise, même s’il suscite en son temps une polémique, est assurément d...

Louis de Bonald

Louis de Bonald Bonald (1754-1840), philosophe et écrivain politique français contre-révolutionnaire. Louis de Bonald fut l'un des principaux représentants de la pensée contre-révolutionnaire. Son œuvre se compose essentiellement de la Théorie du pouvoir politique et religieux dans la société démontrée par le raisonnement et par l'histoire (1796). Ses autres ouvrages reprennent les éléments de cette théorie. Louis de Bonald s'opposa à la théorie du contrat social de Jean-Jacques Rousseau. Les individus n'ont, d'après lui, aucune possibilité d'action sur les lois qui régissent nos sociétés. Ils en sont encore moins les acteurs. Selon lui, l'autorité n'émane pas de la volonté populaire, car la société est antérieure à l'individu. Elle est un fait qui s'impose à lui. L'Homme serait donc un produit de la société. Toutes les institutions religion, famille, gouvernement sont sur le même modèle. Dans chacune, nous sommes en face d'un pouvoir (Di...

Bruno Bauer

Bruno Bauer 1  PRÉSENTATION  Bauer, Bruno (1809-1882), philosophe, historien et exégète biblique allemand qui a influencé nombre de philosophes tels que Marx, Engels, Stirner et Nietzsche. 2  UN THÉOLOGIEN HÉGÉLIEN  D’abord théologien hégélien dans la droite ligne du maître, Bauer prône l’accord entre religion et philosophie. En 1835, David Friedrich Strauss montre dans sa Vie de Jésus (1835-1836) que la méthode historique hégélienne permet d’invalider la vérité historique des Évangiles. À sa suite, et après l’avoir critiqué, Bauer s’attache, entreprenant une lecture historique des Écritures, à montrer que l’Ancien et le Nouveau Testament présentent deux aspects et deux moments différents de la révélation divine. En 1839, il se lance dans une Critique de l’histoire évangélique des synoptiques qui ne sera publiée qu’en 1842. 3  LE TOURNANT  En 1840 paraît la Critique de l’histoire évangélique de saint Jean, ainsi qu’un pamphlet anonyme, dont la rédaction est...

Christian Von Wolff

Christian von Wolff 1  PRÉSENTATION  Wolff (1679-1754), philosophe allemand. 2  L’HÉRITIER DE LEIBNIZ  Né à Breslau (Silésie), il étudie à Iéna et, en 1706, sur les recommandations de Leibniz, devient professeur de mathématiques et de philosophie de la nature à l’université de Halle. Les doctrines rationalistes de Wolff suscitent progressivement l’hostilité de certains de ses collègues théologiens. En 1723, après avoir cité les axiomes de la morale de Confucius pour arguer de la capacité de la raison humaine à atteindre la vérité morale par ses propres efforts, il est banni de Prusse pour athéisme et fatalisme. C’est donc à l’université de Marburg qu’il partira enseigner, jusqu’en 1740, et qu’il écrira l’essentiel de son œuvre monumentale, unique par sa densité. Celle-ci est en effet épaisse de quelque deux cents titres, rien qu’en philosophie. On peut citer, entre autres, Vernünftige Gedanken von Gott, der Welt, und der Seele des Menschen (« Pensées rationnelles sur...

Voltaire

Voltaire 1  PRÉSENTATION  Voltaire (1694-1778), homme de lettres et philosophe français, auteur d’essais et de contes philosophiques qui témoignent de son souci de vérité, de justice et de tolérance. 2  VOLTAIRE, DRAMATURGE MONDAIN  Né à Paris dans une famille de commerçants jansénistes enrichis par la récente acquisition d’une charge de receveur à la Cour des comptes, François Marie Arouet, dit Voltaire, est élevé chez les jésuites du collège Louis-le-Grand. L’influence exercée par les membres de la Compagnie de Jésus sur l’esprit de Voltaire se vérifie à sa prodigieuse maîtrise de la rhétorique, à son goût de la discussion, du théâtre et de l’histoire. Parallèlement, il est introduit dans les milieux mondains par son parrain, l’abbé de Châteauneuf, qui le présente même à la célèbre courtisane Ninon de Lenclos. Ainsi, dès l’âge de vingt ans, Voltaire fréquente les salons parisiens et s’adonne à une littérature mondaine, sinon légère. Son insolence et son indépendanc...

Giambattista Vico

Giambattista Vico Vico (1668-1744), philosophe italien, précurseur de la philosophie de l’histoire. Né à Naples, fils d’un modeste libraire, il fait, selon ses dires (Vie de Giambattista Vico écrite par lui-même, 1728), des études assez décousues et se plaît à se définir comme un autodidacte. Professeur de rhétorique de 1699 à 1741, il est, de 1735 jusqu’à sa mort, historiographe auprès du roi de Naples. L’ouvrage majeur de Vico est Principi di scienza nuova d’intorno alla comune natura delle nazioni (« la Science nouvelle », 1725). Vico y expose une théorie cyclique de l’histoire selon laquelle les sociétés humaines progressent à travers une série de phases allant de la barbarie à la civilisation pour retourner à la barbarie. La première phase appelée l’« âge des dieux » est celle de l’émergence de la religion, de la famille et d’autres institutions de base ; à la phase suivante appelée l’« âge des héros », le peuple est maintenu sous le joug d’une classe dominante de nobles ; à la de...

Thomas Reid

Thomas Reid Reid (1710-1796), philosophe écossais, fondateur de l’école de la « philosophie du sens commun ». Né à Strachan, dans le nord-est de l’Écosse, Reid étudie la théologie à Aberdeen. En 1752, il est nommé professeur de philosophie au King’s College d’Aberdeen, puis obtient la chaire de morale à l’université de Glasgow en 1764. Reid s’oppose au scepticisme de Hume et à la théorie de la connaissance énoncée par les empiristes, qui affirment que, étant donné que les idées sont des copies d’impressions sensibles, nous ne connaissons rien directement et que toute connaissance passe nécessairement par l’entendement ; de même, les perceptions passent par des images. Reid, au contraire, s’inspirant de la méthode scientifique de Newton, prétend qu’une fois acceptés un certain nombre de postulats (voir Axiome) comme « bases de tout raisonnement », les conclusions de l’esprit humain, eu égard à la causalité des phénomènes, sont fondées et dignes de foi. Reid fait reposer le sens commun s...

Moses Mendelssohn

Moses Mendelssohn 1  PRÉSENTATION  Mendelssohn (1729-1786), philosophe et écrivain allemand de l’Aufklärung (philosophie des Lumières), fervent défenseur des droits civiques des Juifs dont il a condamné les tendances isolationnistes. 2  LA RENCONTRE AVEC LESSING  Né à Dessau, en Allemagne, et instruit par son père et le rabbin local, Moses Mendelssohn est engagé comme précepteur, en 1750, par un marchand de soie berlinois, dont il devient par la suite l’associé. En 1754, il est présenté au dramaturge et critique allemand Gotthold Ephraim Lessing avec qui il se lie d’amitié ; avocat passionné de l’émancipation des Juifs, Lessing s’est plus tard inspiré du personnage de Mendelssohn pour façonner le héros de sa pièce de théâtre Nathan le Sage (1779). C’est lui qui fait publier anonymement les Dialogues philosophiques (Philosophische Gespräche) de Mendelssohn, en 1755. Dans la même année, ils publient conjointement (et anonymement) la satire Pope, un métaphysicien (Pope,...

Nicolas Malebranche

Nicolas Malebranche Malebranche (1638-1715), philosophe français dont la théorie métaphysique appelée occasionnalisme s'inscrit dans la mouvance du cartésianisme. Né à Paris, Malebranche étudia la philosophie et la théologie au collège de la Marche et à la Sorbonne. En 1660, il entra à la congrégation de l'Oratoire et fut ordonné prêtre en 1664. Marquée par la théologie de saint Augustin, la pensée de Malebranche subit l'influence décisive de la philosophie de Descartes dès sa première œuvre majeure, la Recherche de la vérité (1674-1675), qui révèle à la fois sa filiation cartésienne et ses positions originales. La relation entre le corps et l'âme constitue le point de rupture entre les deux philosophies. Pour Malebranche, l'homme n'est pas une substance composée, il nie donc toute interaction entre la matière et l'esprit sans l'intervention directe de Dieu : les mutations des objets ou des pensées sont causées par Dieu, et non pas par les objets ou les ...

Joseph de Maistre

Joseph de Maistre Maistre (1753-1821), homme politique et philosophe français, l’un des principaux théoriciens conservateurs de la Révolution française. Né à Chambéry, Joseph de Maistre fit des études de droit à Turin avant de devenir membre de la cour de justice (Sénat) de Savoie. Fuyant sa province natale occupée par les Français en 1793, il trouva refuge à Lausanne, mais quatre ans plus tard le Directoire obtint son expulsion de Suisse, où il avait mené une intense activité contre-révolutionnaire. Nommé par Charles-Emmanuel IV ministre plénipotentiaire de Sardaigne à Saint-Pétersbourg, il y resta de 1802 à 1817, puis vécut à Turin jusqu’à la fin de sa vie. Marqué d’abord par de Jakob Böhme, Louis-Claude de Saint-Martin et Emanuel Swedenborg, Joseph de Maistre s’élevait contre la « théophobie » de la pensée moderne dépourvue de toute référence au pouvoir divin en tant qu’élément explicatif des phénomènes de la nature et de la société. Il plaçait Dieu au cœur de ses doctrines, affirma...

Gabriel Bonnot de Mably

Gabriel Bonnot de Mably Mably (1709-1785), philosophe français dont la réflexion portait sur la politique et la morale, l'économie et l'histoire. Né à Grenoble en 1709, Gabriel Bonnot de Mably entra au séminaire de Saint-Sulpice mais ne reçut que le sous-diaconat. Il fréquenta le salon de la marquise de Tencin, où se réunissaient des intellectuels éclectiques. Le cardinal de Tencin, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, le fit travailler à ses côtés ; aussi négocia-t-il, en 1743, un traité contre l'Autriche, avec l'ambassadeur de Prusse. En 1746, il rompit avec le cardinal au nom de la tolérance et se consacra à son œuvre. Comme Rousseau, Mably se démarqua de l'optimisme du siècle des Lumières : il soutenait que les arts, les lettres, les sciences et l'industrie conduisent à la corruption et à la décadence. Sparte était son modèle pour accéder au bonheur et à la vertu (Observations sur les Grecs, 1751). En 1768, un an après la parution de l'Ordre na...

Julien Offray de La Mettrie

Julien Offray de La Mettrie La Mettrie (1709-1751), médecin et philosophe matérialiste français des Lumières, auteur de l’Homme-machine, qui développe une théorie mécaniste du corps humain qui a connu un fort retentissement. Après des études de théologie chez les jésuites, La Mettrie se consacre à la médecine à Reims puis part pour la Hollande suivre les cours du philosophe naturaliste Hermann Boerhaave, dont il traduit plusieurs ouvrages. À son retour en France, il écrit l’Histoire naturelle de l’âme (1745), qui lui vaut la condamnation de l’Église en 1746. Contraint à l’exil, La Mettrie repart pour la Hollande, qu’il doit quitter à la suite de la publication de l’Homme-machine en 1748. Il est accueilli à Berlin par Frédéric II, dont il devient médecin et lecteur jusqu’à sa mort en 1751. La Mettrie est un philosophe matérialiste. Il pense que la matière, principe passif, est animée par un principe immanent à la matière elle-même : la faculté de sentir. Il s’oppose à Descartes qui fait...

Emmanuel Kant

Emmanuel Kant 1  PRÉSENTATION  Kant (1724-1804), philosophe allemand, fondateur de la philosophie critique, qui a été à l’origine d’une véritable « révolution copernicienne » en philosophie. 2  VIE  Né à Königsberg (Prusse orientale), d’origine modeste, Kant fréquente le Collegium Fredericianum, dirigé par un pasteur piétiste. À l’université, il suit l’enseignement de Martin Knutzen, newtonien et wolffien, et étudie la physique, les sciences naturelles, les mathématiques et la philosophie. En 1746, contraint d’interrompre sa carrière universitaire à la mort de son père, il devient précepteur dans diverses familles de la région de Königsberg. Son premier ouvrage, Pensées sur la véritable évaluation des forces vives (1746), tente de concilier Descartes et Leibniz sur la mesure de la force des corps en mouvement. Il doit cependant attendre l’année 1755 pour devenir « Privatdozent » grâce à une Dissertation sur les premiers principes de la connaissance métaphysique à la ...

David Hume

David Hume 1  PRÉSENTATION  Hume (1711-1776), philosophe écossais, représentant de l’empirisme et du scepticisme. 2  VIE ET ŒUVRE  Hume entre à douze ans au collège d’Édimbourg, et étudie la logique, les mathématiques et la philosophie naturelle. Destiné à la carrière d’avocat, il est cependant passionné de littérature, et part pour la France en 1734, où il compose son Traité sur la nature humaine. Celui-ci ne rencontre pas le succès escompté, et Hume se résigne à rédiger des ouvrages plus courts et dans un style plus populaire. Paraissent les Essais moraux et politiques (1741-1742), qui rencontrent un succès immédiat. Toutefois, cela ne permet pas à Hume d’obtenir la chaire de philosophie morale à l’université d’Édimbourg, sans doute en raison des accusations d’hérésie et de scepticisme portées contre lui. Il sera alors précepteur du marquis d’Annandale, puis secrétaire du général Saint-Clair qu’il accompagne en Europe. Ses Essais philosophiques sur l’entendement hu...

Baron d'Holbach

Baron d'Holbach 1  PRÉSENTATION  D'Holbach (1723-1789), encyclopédiste et philosophe matérialiste français d’origine allemande, ami de Diderot, et auteur notamment du Système de la nature. 2  UN ESPRIT DES LUMIÈRES  Le baron Paul Henri d’Holbach fut pleinement homme des Lumières : philosophe pourvu d’une immense bibliothèque, éditeur, traducteur d’œuvres philosophiques et scientifiques de langue anglaise, latine, allemande et suédoise, minéralogiste, géologue, chimiste, collectionneur d’art et de curiosités et collaborateur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, d’Holbach a rassemblé dans son salon les plus beaux esprits de son temps, tels le baron Melchior de Grimm, Buffon, Rousseau, Diderot, Daubenton ou Helvétius. Peut-être fut-il agent du roi de Prusse ou de princes allemands, et leur communiquait-il des informations sur la France. Du moins tenait-il de son oncle, anobli pendant la Régence, une fortune considérable, qui lui permit de se vouer exclusivement a...

Johann Gottfried Herder

Johann Gottfried Herder 1  PRÉSENTATION  Herder (1744-1803), écrivain et philosophe allemand, l’un des initiateurs du Sturm und Drang, dont les écrits ont participé au développement du romantisme allemand. 2  UN PHILOSOPHE À L’AUBE DU ROMANTISME  Né à Mohrungen (Prusse-Orientale, aujourd’hui Pologne), Johann Gottfried Herder fait ses études à l’université de Königsberg où il est l’élève du philosophe allemand Emmanuel Kant. Le philosophe Hamann, originaire de la ville, l’influence également. L’œuvre de Herder a inspiré de nombreux écrivains, parmi lesquels Goethe, le futur chef de file de l’école romantique allemande. En 1776, bénéficiant de l’aide du poète — avec lequel il s’était lié —, Herder est nommé à un poste gouvernemental à Weimar. Par la suite, il prend néanmoins ses distances avec le romantisme, avec Goethe comme avec Kant. À la fin du xviiie siècle, son audience diminue, mais sa contribution à la pensée littéraire et historique allemande n’en demeure pas ...

Claude Adrien Helvétius

Claude Adrien Helvétius Helvétius (1715-1771), philosophe français, représentant de l'esprit des Lumières. Né à Paris, il fut nommé fermier général en 1738, poste qui impliquait la perception du revenu royal. Il démissionna par la suite à cause de la corruption de ses collègues d'office. Il acheta la charge de maître d'hôtel ou intendant de sa protectrice la reine Marie Leszczynska, épouse de Louis XV. Il se consacra ensuite à la littérature et son ouvrage le plus célèbre, De l'esprit, fut publié en 1758. Dans cet ouvrage, Helvétius, dont la vie était un modèle de vertu, poussa la théorie de l'hédonisme à son point extrême de sensualité égoïste. Selon lui, toutes les facultés de l'homme, y compris le jugement, l'appréciation et même la mémoire ne sont que de simples propriétés de la sensation physique. « Tout se réduit donc comme à sentir », écrivit-il. Examinant le fonctionnement de l'esprit par rapport à la société, il affirma que le seul mobile des ac...

Bernard Le Bovier De Fontenelle

Bernard le Bovier de Fontenelle 1  PRÉSENTATION Bernard le Bovier (1657-1757), philosophe et poète français, qui a annoncé l’esprit des Lumières en ayant vulgarisé de nouvelles théories scientifiques. 2  LE LIBERTIN SCIENTIFIQUE  Né à Rouen, neveu de Pierre et Thomas Corneille, fils d’avocat, Bernard le Bovier de Fontenelle fréquente le collège des jésuites, étudie le droit et se consacre très tôt à la littérature. Il a vingt ans lorsque son oncle Thomas l’engage comme collaborateur dans sa revue, le Mercure galant. En 1680, il fait jouer Aspar : la représentation est un échec. Il retourne alors à Rouen, et publie, entre 1682 et 1687, des textes qui le font connaître en tant que philosophe et scientifique soucieux de vulgarisation intelligente, plus encore que comme poète (il ne cesse pourtant de composer des poésies précieuses, des opéras et des tragédies). Parmi ses nombreux ouvrages, on retient le plus souvent la République des Ajaoiens (1768), roman utopique vantant u...